Mort de Gérard Barray
Nous apprenons de façon presque inaperçue de la mort de la vedette populaire du cinéma français des années 60 l'acteur Gérard Barray survenue ce 15 février à l'âge de 92 ans.
Né en 1931 à Toulouse Gérard Marcel Louis Baraillé d'un père ingénieur et dirigeant d'une usine à Toulouse, et d'une mère mère au foyer. Ses parents se séparent alors qu'il est encore jeune, il part vivre avec sa mère à Montauban où elle reprend ses études pour devenir sage-femme avant de diriger plus tard une clinique d'accouchement. Vers 15 ans le jeune Gérard se découvre une passion pour le jazz jusqu'à participer à quelques spectacles dans des cabarets. Il poursuit sa scolarité, obtient son bac à Toulouse puis entame des études pour devenir médecin-obstétricien. Mais il n'est finalement pas très motivé, rencontre Camille Ricard comédienne devenue professeur au Conservatoire de Toulouse qui lui conseille de monter à Paris en lui confiant une lettre de recommandation à l'attention d'un certain Noël Roquevert, grand acteur populaire du cinéma français. Ce dernier lui fait travailler un peu sur quelques scènes mais devant partir en tournée le fait admettre au Cours Simon, on est alors au début des années 1950. Pour gagner sa vie, entre temps, il se produit comme pianiste de jazz dans des cabarets. Après quatre années au Cours Simon il obtient le Prix du Jury.
Il obtient un petit rôle au théâtre dès 1955 dans "L'Eventail de Lady Windermere" d'après Oscar Wilde tout en décrochant quelques rôles de figuration dans "Chantage" (1955 - ci-dessus avec son mentor Noël Roquevert) de Guy Lefranc ou "Les Collégiennes" (1957 - ci-dessous à droite) de André Hunebelle. Mais le service militaire le contraint à stopper un temps sa carrière naissante, il part donc en Algérie en 1959.
De retour il reprend le rôle tenu 14 ans plus tôt par Jean Marais pour une reprise sur les planches de "L'Aigle à Deux Têtes" (1960) de Jean Cocteau, mais surtout il obtient pour la première fois un second rôle important dans "L'Eau à la Bouche" (1960 - ci-dessous) de Jacques Doniol-Valcroze aux côtés de Bernadette Lafont et Michel Galabru.
Il confirme l'attrait qu'on lui porte en obtenant le rôle de l'antagoniste face à la star Jean Marais dans "Le Capitaine Fracasse" (1961) de Pierre Gaspard-Huit pour lequel il apprend l'escrime avec Claude Carliez et le combat avec Henri Cogan, deux des maîtres en France dans leur domaine. Avec ses nouvelles aptitudes l'acteur se voit proposer des films de Cape et d'Epée à l'instar de Jean Marais devenu un spécialiste du genre.
Il enchaîne ainsi en obtenant le rôle principal de D'Artagnan dans le dyptique "Les Trois Mousquetaires" (1961 - ci-dessous) de Bernard Borderie avec Mylène Demongeot et Jean Carmet dont le succès confirme sa nouvelle popularité. Il est alors demandé en Italie où il tourne "Les Frères Corses" (1961) de Anton Giulio Majano avant de revenir à son genre de prédilection dans "Le Chevalier de Pardaillan" (1962) retrouvant son réalisateur Bernard Borderie et jouant avec la star italienne Gianna Maria Canale.
Il joue avec Anna Karina dans "Shéhérazade" (1963 - ci-dessous) de Pierre Gaspard-Huit qui fut fortement déconseiller par l'Eglise Catholique pour des scènes de danses jugées trop lascives, puis retrouve un rôle d'envergure avec une nouvelle adaptation du héros "Scaramouche" (1963) de Antonio Isasi-Isasmendi retrouvant sa partenaire Gianna Maria Canale, poursuit avec la suite "Hardi ! Pardaillan" (1964) de Bernard Borderie avant de changer (enfin !) de registre avec le film d'aventure et d'espionnage "Alerte à Gibraltar" (1964) de Pierre Gaspard-Huit.
Il joue dans "Les Mercenaires du Rio Grande" (1965) de Robert Siodmak, compilation de deux autres films spécialement monté pour le marché français et italien et sur le tournage duquel il rencontre l'actrice espagnole Teresa Lorca qu'il épouse. Il joue encore l'espion dans "Baraka sur X 13" (1966) de Maurice Cloche avec Sylva Koscina puis incarne le commissaire San Antonio dans "Sale Temps pour les Mouches" (1966) de Guy Lefranc avec son camarade Jean Richard alias Bérurier.
Après cet intermède l'acteur revient au film d'aventure historique avec "Surcouf, le Tigre des Sept Mers" (1966) et sa suite "Tonnerre sur l'Océan Indien" (1966) tous deux de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland avec Antonella Lualdi qui sont de nouveaux succès au box-office.
Il retrouve ensuite Anna Karina dans le film d'espionnage "Tendres Requins" (1967) de Michel Deville, le film de guerre "Flammes sur l'Adriatique" (1968 - ci-dessous) de Alexandre Astruc avec Claudine Auger, retrouve Jean Richard et leurs personnages truculents dans "Béru et ces Dames" (1968) de Guy Lefranc puis il joue un personnage mystérieux dans le thriller "Le Témoin" (1969) de Anne Walter avec Claude Jade qui est le dernier rôle principal qu'il incarnera.
Il accepte ensuite des rôles secondaires dans le drame psychologique "Week-End pour Elena" (1970) de Julio Diamante ou dans le film autobiographique "Le Cinéma de Papa" (1970 - ci-dessous) de et avec Claude Berri puis joue dans la production internationale "Meurtres au Soleil" (1972) de Antonio Isasi-Isasmendi avec les stars Karl Malden, Raf Vallone et Claudine Auger.
Mais étonnamment l'acteur tourne de moins en moins, ainsi il commence à tourner pour la télévision, revient au théâtre et lie même les deux avec les émissions "Au Théâtre ce soir" qu'il écume durant toute la décennie 70.
Il revient sur grand écran avec le drame sur l'addiction à la drogue "Pourquoi ?" (1977) de Anouk Bernard et une variation moderne de "Othello" (1982) de et avec Max-Henri Boulois face à Tony Curtis.
Il monte la pièce de théâtre "Le Héros de l'Amour" (1990) puis apparaît dans quelques séries TV au début des années 90 avant de s'installer en Espagne. Il disparaît peu à peu des écrans mais pourtant il revient dans le merveilleux drame espagnol "Ouvre les Yeux" (1997 - ci-dessous) de Alejandro Amenabar avec Eduardo Noriega et Penelope Cruz, apparaît dans le drame britannico-hispanique "Sexy Beast" (2000) de Jonathan Glazer avec Ray Winstone et Ben Kingsley.
Il tourne encore en Espagne les films passés inaperçus "No te Fallaré" (2001) de Manuel Rios San Martin et "El Paraiso ya no es lo que Era" (2001) de Francisco Betriu, puis joue son dernier et ultime rôle pour le drame "Galindez" (2003) de Gerardo Herrero avec Saffron Burrows et Harvey Keitel.
il refait un peu parler de lui en tant qu'écrivain pour la sortie de son roman "L'Artiste : la Mariée dormait encore" (2018).
L'acteur a épousé en 1965 l'actrice espagnole Teresa Lorca (aujourd'hui veuve de 82 ans) avec qui il a eu une fille et un garçon.
L'acteur aura été une vedette de premier ordre dans les années 60 grâce au formidable succès de ses films de Cape et d'Epée sans pour autant atteindre les sommets des grandes stars de son époque. Son déclin assez brusque durant les années 70 reste un mystère.
Gérard Barray est mort ce jeudi 15 février 2024 à son domicile à Marbella en Espagne à l'âge de 92 ans.