The Craft - les Nouvelles Sorcières (2020) de Zoe Lister-Jones

par Selenie  -  12 Novembre 2020, 10:34  -  #Critiques de films

Enième production de Jason Blum, patron de Blumhouse décidément omniprésent depuis déjà 20 ans dans les films d'horreur et fantastiques surtout depuis ses premiers succès "Paranormal Activity" (2007) de Oren Peli et "Insidious" (2011) de James Wan. Cette fois le projet est sans doute moins ambitieux, celui de signer un remake, ou un reboot, ou une suite, bref un ersatz du film "Dangereuse Alliance" (1996) de Andrew Fleming qui était notamment avec Neve Campbell qui explosait alors aussi avec un certain "Scream" (1996) de Wes Craven. Le film est proposé à Zoé Lister-Jones, actrice aperçue dans des films comme "Jeux de Pouvoir" (2009) de Kevin MacDonald, "Salt" (2010) de Phillip Noyce, et "Lola Versus" (2012) de Daryl Wein dont elle a signé le scénario. Elle signera quelques films et séries TV dont son premier film en tant que réalisatrice "Anna et Ben" (2017). Ce projet a été annoncé dès 2016 comme un remake, puis en 2019 Jason Blum précise que ce sera plutôt un reboot avant qu'on apprenne via la première bande-annonce qu'il s'agirait en fait d'une suite se déroulant après le premier film !

Le projet a donc connu moult changement. Zoé Lister-Jones a repris le scénario d'après l'histoire originelle qui était signée de Peter Filardi connu aussi pour avoir signé "L'Expérience Interdite" (1990) de Joel Schumacher... Lily, une ado solitaire arrive dans une nouvelle école après que sa mère ait décidé d'emménager avec son nouveau conjoint. Mais le comportement de ce dernier et le harcèlement qu'elle subit à l'école l'isole encore plus. Mais elle fait la rencontre de trois amies qui l'initie à des pratiques ésotériques puis de sorcellerie... L'héroïne est incarnée par la jolie Cailee Spaeny déjà remarquée dans plusieurs films dont "Pacific Rim : Uprising" (2018) de Steven S. DeKnight et "Sale Temps à l'Hôtel Royale" (2018) de Dreww Goddard. Ses trois amies sont jouées par Gideon Adlon vue dans "Contrôle Parental" (2018) de Kay Cannon et "Nevada" (2019) de Laure de Clermont-Tonnerre, Lovie Simone encore méconnue à l'exception de la série TV "Greenleaf" (2017-...) et Zoey Luna débutante à l'exception d'une apparition dans un épisode TV et d'un court. La maman est incarnée par Michelle Monaghan vu pour la dernière fois dans "Mission Impossible : Fallout" (2018) de Christopher McQuarrie, et son conjoint est interprété par David Duchovny, acteur culte des séries TV "X-Files" (1993-2002) et "Californication" (2007-2014) qu'on avait pas vu au cinéma depuis "Louder Than Words" (2013) de Anthony Fabian et "Phantom" (2013) de Todd Robinson... Pour éviter de trop comparer, de trop me répéter il paraît judicieux de relire l'article sur "Dangereuse Alliance - The Craft" !... Car il paraît impossible de ne pas comparer ces deux films, d'abord parce qu'il s'agit de la suite "officielle", ensuite parce que la réalisatrice-scénariste ne s'est pas franchement foulée à tel point qu'à l'exception d'un paramètre essentiel qui officialise la suite on pourrait y voir tout simplement un reboot remis au goût du jour. Ainsi, une ado est une nouvelle arrivée dans le coin pour cause d'un parent qui offre un beau-père, elle est solitaire mais à un truc en elle qui facilite son entrée dans le cercle des sorcières avec trois nouvelles amies.

La trame est identique pourquoi ne pas continuer à pomper ?! Ainsi la cinéaste ne cherche pas loin et en profite pour récréer quasi à l'identique plusieurs scènes comme la lévitation, l'humiliation à l'école (qui a évolué, moins de tabou en 2020 !), le belâtre sexiste qui devient le galant homme rêvé,... etc... Mi-suite mi-reboot on vous dit. Mais 24 ans ont passé et donc exit plusieurs thèmes touchant de prêt l'adolescence pour survolé et/ou caricaturé de façon très bête et méchant le mâle environnant. Tous les mecs sont lâches ou niais, violents et/ou dominateurs... etc... à tel point que dès l'arrivée dans la nouvelle maison on devine le grand final et l'évolution d'une intrigue qui se croit maline et originale. Les mouvements féministes, et autre scandales sexuels ont servi d'inspiration, pourquoi pas mais encore aurait-il fallu être moins manichéen, plus subtil, et offrir une lecture à plusieurs niveaux notamment en ne focalisant pas aussi unilatéralement sur le conflit homme/femme. Mais à force de choisir une cible si facile Zoé Lister-Jones se prend les pieds dans le tapis et omet ses personnages. Si il y a toujours quatre sorcières, seule l'héroïne principale est franchement exploitée, laissant un peu trop de côté les trois autres. Frankie/Adlon, Tabby/Simone et Lourdes/Luna (outre le fait qu'elle est actrice transgenre, là aussi moins de tabou en 2020) ne sont jamais approfondies, nous ne seront jamais rien sur leur intimité ou leur famille ni sur leurs fêlures éventuelles tandis que tout repose sur Lily/Spaeny et ses relations intra-familiales. Sur le fond donc le film ne se préoccupe pas de grand chose, fait du buzz primaire sur la lutte des sexes, et finit par offrir un simple pop corn movie plutôt risible car sans une once de créativité. Le final est en cela très parlant avec une matérialisation des sortilèges très "girly" avec du fluo, des paillettes et de la couleur roses, turquoises qui font bien jolies surtout quand ça brille. En conclusion une suite inepte, un reboot qui ne s'assume pas, rien à dire outre un girl power bien pauvre et sans relief.

 

Note :            

 

08/20

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