La Isla Minima (2015) de Alberto Rodriguez

par Selenie  -  16 Juillet 2015, 16:12  -  #Critiques de films

Le film de l'année en Espagne qui a récolté pas moins de 10 Goyas (équivalents de nos Césars) avec ce thriller sur fond historique qui rappelle les heures sombres d'une Espagne post-franquiste. Réalisé par Alberto Rodriguez (à ne pas confondre avec Roberto acolyte de Tarantino et réalisateur de "SinCity" et "Planète Terreur") déjà réalisateur de l'excellent "Les 7 Vierges" (2005), ce film a un atout de poids avec comme décors les marais de Guadalquivir au sud de l'Andalousie. Le générique de début est particulièrement beau, filmant les marais du ciel avec en fond une musique aussi magnifique qu'inquiétante. La période de l'histoire se déroule en 1980, l'Espagne est alors en pleine construction démocratique (et monarchique) après plus de 30 ans de dictature sous Franco (au pouvoir après la Guerre Civile de 1936-1939, et après restauration de la monarchie en 1969 mais effective réellement qu'à la mort de ce dernier en 1975). Les ressentiments envers les anciens tortionnaires et les changements politico-économiques sont encore sur les cendres de Franco...

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C'est sous ce climax délétère que deux flics, mutés disciplinairement de Madrid et qui se connaissent peu, doivent collaborer pour retrouver deux adolescentes disparues. La région des marais du delta de Guadalquivir est aussi une région reculée où les habitants regardent d'un mauvais oeil les visiteurs étrangers. Il est clair que le style et le genre de thriller fait référence aux thrillers américains peuplés de redneks qui se déroulent dans les marécages de Louisiane ou de Floride. Le réalisateur intègre les paysages dans l'intrigue et devient comme un troisième personnage. Si le décor de Guadalquivir est omniprésent le réalisateur n'oublie jamais ces personnages et surtout ces deux "héros" que la caméra suit de près, chacun ayant un passé douloureux. Deux personnages de flics solides et intéressants que le réalisateur a voulu ainsi : "..., il n'y a selon moi, ni gentil, ni méchant dans cette histoire. L'un n'est pas tout noir et ni l'autre tout blanc, ce serait trop simple...."... Comme il dit, ce serait trop simple. Néanmoins, il est clair que le spectateur va en trouver un plus "méchant" que l'autre. Pourtant rien n'est simple. Effectivement, on sent que le réalisateur tente une sorte de message subliminal pour le pardon, "allons vers l'avenir et laissons cicatriser le passé", semble-t-il vouloir dire... Les deux flics sont interprétés par deux superbes acteurs, Raul Arevalo (vu et remarqué dans "Même la pluie" de Iciar Bollain, "Balada Triste" de Alex de la Iglesia et "Les amants passagers" de Almodovar) et Javier Gutierrez (II) (série tv "L'Aigle Rouge"). Parfois on pense un peu trop aux  films américains mais le réalisateur impose son décor de belle manière: un décor sauvage qui ne semble pas accueillant tout en étant particulièrement attirant. Dans la forme, le réalisateur distille une atmosphère anxiogène et tendue qui monte en puissance mine de rien pour un thriller de haute tenue. 10 Goyas pour ce seul film c'est sans aucun doute un peu beaucoup, on se dit surtout que le cinéma espagnol est bien triste en ce moment. Malgré tout c'est un excellent film, efficace et prenant avec un contexte géographique et historique particulièrement bien orchestré.

 

Note :              

 

16/20
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D
Bonsoir Selenie, j'ai aussi beaucoup apprécié ce film pour l'image, l'histoire, les acteurs. Je trouve qu'il arrive à la hauteur de films comme ceux de David Fincher, c'est dire.
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S
Effectivement je suis assez d'accord... mais tous les Fincher ;)
M
Un film que je verrais sans doute à la télévision vu que je vais moins en salles en ce moment mais le sujet me botte bien. Ta note me laisse penser d'ailleurs que je risque de passer un bon moment :-)
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