Valerian et la Cité des Mille Planètes (2017) de Luc Besson

par Selenie  -  27 Juillet 2017, 22:28  -  #Critiques de films

Film évènement par excellence, et pour la France en tous cas LE Blockbuster de l'année qui est tant attendu que ce soit par les fans inconditionnels de Luc Besson (rappelons "Le Grand Bleu" en 1988 et "Léon" en 1994) comme ceux qui l'attendent au tournant (rappelons qu'il est aussi producteurs d'un grand nombre de films ineptes, son propre autocopieur de son canevas d'action movie et fossoyeurs de la comédie hexagonale). Besson s'offre ainsi le plus gros budget de l'histoire du cinéma français, et de loin, avec exactement 197 471 676 millions d'euros soit bien loin devant le second, le médiocre "Astérix et les Jeux Olympiques" (2008) de Frédéric Forestier et Thomas Langmann avec ses "petits" 78 millions. Production 100% française, 100% EuropaCorp (société de Luc Besson) et 100% tourné dans 7 studios de la désormais célèbre Cité du Cinéma (7 studios sur 9) il faut bien avouer que Luc Besson s'offre les moyens de ses ambitions et que si on s'autorise un petit peu de chauvinisme ce projet est une vraie gourmandise qui fait saliver bien avant d'entrer dans la salle obscure ! Le film sort de surcroît à un moment où on apprend que EuropaCorp annonce une perte record, autant dire que Luc Besson joue pratiquement son va tout avec ce film qui concurrence de plus belle la puissance hollywoodienne après ses premières belles réussites (surtout si on parle box-office !) en SF avec "Le Cinquième Elément" (1997) et "Lucy" (2014).

Besson rêvait de ce film depuis longtemps (il était fan depuis l'enfance) mais a su que ça serait possible que depuis "Avatar" (2009) de James Cameron sur le tournage duquel il avait été invité par Cameron. Avec les avancées technologiques et son amour d'enfance (pour Laureline !) il pouvait commencer à y croire... "... c'était la première fois qu'on voyait un personnage féminin moderne dur à cuire. Il ne s'agissait pas d'un histoire de super-héros en costumes, c'était bien plus léger, bien plus libre, et bien plus satisfaisant, parce que Laureline et Valerian sont l'équivalent de deux flics tout à fait normaux, sauf qu'ils évoluent en XXVIIIème siècle et que leur univers est à la fois étrange et merveilleux."... Donc ce film est tiré des aventures de Valerian et Laureline, célèbre bande-dessinée crée en 1967 par Pierre Christin au scénario et Jean-Claude Mézière au dessin. Rappelons que ce dernier a déjà travaillé avec Besson sur "Le Cinquième Elément" et que cette BD a déjà inspiré de grands films de SF dont George Lucas pour "Sar Wars" notamment. Le film est titré "Valerian et la Cité des Mille Planètes" soit le titre du 2nd album (1971) de la collection alors qu'en fait l'histoire choisie est celle du tome 6 "L'Ambassadeur des Ombres" (1975). Le pourquoi du comment reste un mystère ?!... Néanmoins les auteurs ont appuyé Besson et semblent être en accord avec ce que propose le film ce qui est toujours un bon point. Superproduction dit aussi super casting et sur ce point on peut dire que Besson a aussi osé en pariant sur un couple vedette mais loin d'être de stars. Valerian est donc incarné par le très bon Dane DeHaan révélé dans "Chronicle" (2012) de Josh Trank, il a été Harry Osborn dans "The Amazing Spider-Man : le destin d'un héros" (2014) de Marc Webb mais il a aussi été James Dean dans "Life" (2015) de Anton Corbijn. Laureline est incarnée par la mannequin Cara Delevingne, première apparition dans "Anna Karenine" (2012) de Joe Wright et revue dans "La Face cachée de Margo" (2015) de Jake Schreier et enfin dans "Suicide Squads" (2016) de David Ayer.

Dans les seconds rôles Besson s'appuie sur des acteurs déjà plus connus avec Clive Owen (en déclin depuis peu il faut remonter à "Blood Ties" en 2013 de Guillaume Canet pour retrouver un film un temps soit peu valable), Ethan Hawke dans son premier Space Opera et John Goodman de retour dans une production française après "The Artist" (2011) de Michel Hazanavicius. Les fans de musique seront servi avec plusieurs vedettes au casting dont la star Rihanna dans son second film après "Battleship" (2012) de Peter Berg (sans compter les voix en animation et les films où elle joue son propre personnage). En prime Besson se fait plaisir en invitant plusieurs cinéastes de sa propre écurie dont un Alain Chabat méconnaissable et Matthieu Kassovitz, mais aussi Benoit Jacquot, Gérard Krawczyk, Louis Leterrier, Olivier Mégaton, Eric Rochant et Xavier Giannoli. Pour l'équipe technique Besson opté pour une équipe restreinte (comparée à un blockbuster hollywoodien) et a travaillé en amont avec une équipe encore plus restreinte. Mais évidemment dans ce genre de film l'importance des effets spéciaux est capitale. Ces FX ont été surpervisé par Scott Stokdyk (connu pour son travail sur la trilogie "Spider-man" en 2002-2004-2007 de Sam Raimi) tandis que 5 studios ont collaboré pour le film dont les mastodontes Weta et ILM (seulement le 5ème projet en collaboration entre ces deux sociétés dont "Avatar").

Résultat les effets spéciaux sont fabuleux et on retiendra notamment les sublimes Pearls dont le design a magnifiquement été amélioré comparé à la BD. Leur peau nacrée qui réagit aux émotions est une belle idée et vaut mieux effectivement que leur trop classique peau orangée de la BD. Visuellement les décors sont somptueux, l'univers est riches de plus de 200 espèces d'extraterrestres tous impeccablement imaginés. Sur ce point le film est une vraie réussite qui n'a rien à envier aux productions d'outre-Atlantique... A tel point que les critiques américaines ne sont pas tendre avec le film de Besson alors qu'elles étaient plutôt bonnes pour "Le Cinquième Elément" et "Lucy", de là à croire qu'il y a surtout du protectionnisme et de la jalousie il n'y a qu'un pas... Cependant ils n'ont pas tout à fait tort sur quelques points. Les effets spéciaux sont éblouissants mais mal gérés sur quelques séquences dont celle où Valerian fait un sprint à travers différents "monde" et en défonçant des murs comme un jeu de quilles. Mais le plus gros soucis vient bel et bien du scénario qui accumule clichés, stéréotypes et absence total d'un minimum de suspense.

Les Pearls sont évidemment attendus comme les bouc émissaires et on devine qui est le grand méchant à la seconde où il apparait et l'évolution du récit ne fait que confirmer à chaque fois une trame éculée déjà mille fois. Quel dommage ! Notons aussi que la musique est signée Alexandre Desplat, et donc exit le fidèle Eric Serra (de quasi tous les films de Besson jusqu'ici), sans doute parce que Desplat est devenu plus "bankable" et à un nom aujourd'hui plus internationalement reconnu. Ensuite il y a quelques bémols au niveau de l'interprétation de certains personnages. Clive Owen est clairement dans le minimum syndical et est simplement venu toucher son chèque par exemple. Si Dane Dehaan est plutôt pas mal il reste un macho un peu trop caricatural, plus à la mode seventies qu'en mâle du 28ème siècle. Car Delevingne est sexy et a une présence indéniable mais n'offre pas plus de 2-3 expressions faciales, les mêmes que sur ses réseaux sociaux ou sur ses défilés. Et pourtant Laureline s'avère clairement dans la lignée des héroïnes "bessonienne" comme l'avait confirmé par ailleurs Besson lui-même : "C'est un agent spatio-temporel, qui voyage dans l'espace, qui porte une combinaison et qui met des baffes à des aliens. C'est la mère de Leeloo, de Nikita, de Lucy... De beaucoup de mes héroïnes."... Luc Besson a fait un pari hors norme, bien au-delà de ses films précédents et c'est à saluer. On peut s'extasier devant la richesse de Alpha, la Cité des Mille Planètes, on peut rêver devant les merveilles et les richesses d'un tel univers il est juste dommageable que le scénario ne soit pas moins téléphoné et que ces deux héros ne soient pas écrits avec plus de modernité (ils auraient été parfait vivant à une autre époque et encore plus dans un film tourné il y a 20 ou 30 ans). On a une pensée pour l'apparition de Rutger Hauer au début du film, car oui on est tout de même lion du niveau d'un "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott. "Valerian..." est loin des meilleurs films du genre mais on est aussi loin de toute diatribe car néanmoins Besson signe un film de Science-Fiction efficace et divertissant à défaut d'être un chef d'oeuvre. Ne bouder pas votre plaisir...

 

Note :              

14/20

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