Paradise Beach (2019) de Xavier Durringer

par Selenie  -  26 Juillet 2019, 08:15  -  #Critiques de films

20 ans après son film "J'irai au Paradis car l'Enfer est ici" (1997) le réalisateur-scénariste Xavier Durringer revient au pur film de gangster, un genre qu'il affectionne même pour la télévision avec notamment téléfilm "Les Vilains" (1999). D'ailleurs le cinéaste retrouve également Jean Miez, co-scénariste et ex-taulard avec qui il a justement collaboré sur les films sus-cités. Miez précise : "Or, à travers le genre qui lui est prore, le film noir, le grand banditisme est peuplé de personnages extrêmes qui vivent entre les vivants et les morts, qui disparaissent généralement très jeunes. L'idée avec Paradise Beach était de renouvelerles codes de ce milieu. En Thaïlande, où j'ai travaillé sur trois films déjà, je me suis aperçu que les truands, nés dans les années 80 ou 90, regroupés dans le sud vers Pattaya, Phuket ou Bangkok, avaient changés. Les corses, les marseillais, la banlieue sud, c'est fini. Désormais, les truands roulent en T-Max, le crâne rasé et la barbe bientaillée, en short et en tongs... Et avec un calibre !"... Donc ce projet est de réaliser une variation sur un même thème, pour explorer une évolution du banditisme. En espérant que ce ne soit pas juste un auto-remake qui ne dit pas son nom comme "Nikita" (1990) et "Anna" (2019) de Luc Besson... Xavier Durringer a donc déjà abordé le sujet mais il connait aussi déjà bien la Thaïlande pour y avoir tourner plusieurs fois dont "Chok-Dee" (2005). On suit donc Mehdi qui, après 15 ans de prison, retrouve ses anciens amis qui ont pu refaire leur vie en Thaïlande. Content de se revoir mais Mehdi veut aussi récupérer sa part du gâteau...

Mehdi est incarné par Sami Bouajila qui retrouve donc Durringer après le téléfilm "Ne m'Abandonne Pas" (2016), et il avait déjà connu un aperçu du pays dans "Pattaya" (2016) de et avec Franck Gastambide. Le reste de l'équipe est composé d'une brochettes de rappeurs dont Kool Shen, Nessbeal, Hache-P et Seth Gueko qui était lui aussi dans "Pattaya". On peut citer Hubert Koundé révélé par "Métisse" (1993) et "La Haine" (1995) de Mathieu Kassovitz, Hugo Becker qui se construit une carrière discrète mais diversifiée avec entre autres "Damsels in Distress" (2012) de Whit Stillman et son premier long métrage en tant que réalisateur "La Nuit juste avant les Forêts" (2017), puis Tewfik Jallal révélé par les films "Né Quelque Part" (2013) de Mohamed Hamidi et "La Marche" (2013) de Nabil Ben Yadir. En atout charme on connaît Mélanie Doutey qu'on voit raremment depuis quelques temps à l'exception notable de "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche, puis Sonia Couling méconnue chez nous mais méga star asiatique de la télévision et des magazines peoples... Si le duo Durringer-Miez ont sans doute raison sur l'évolution des gangsters, de leur style et de leur milieu ils ont par contre aucune idée de comment le montrer. Malgré un prologue lorgnant sur Julien Leclercq (pour lequel Bouajila a tourné dans "Braqueurs" en 2015 et "Lukas" en 2018), on part ensuite à Phuket où pendant 20-25 mn on est juste en tourisme à la Pattaya avec tous les clichés sur les bandits kaïras et les putes autochtones sur lesquelles on occulte le fait qu'elles sont surtout esclaves d'un capitalisme occidental.

 

 

 

 

 

 

 

Une première partie qui manque singulièrement de classe et de style. Il faut donc attendre près de 30mn avant que l'intrigue daigne enfin avancer. Le scénario s'éparpille un peu (famille thaï, concurrence business, secrets... etc...) il n'empêche que le suspens (Est-ce que les amis vont donner la part à Mehdi ?!) tient la route, difficilement, mais ça reste solide grâce à une fin pas si évidente que ça. Par contre les dialogues restent très primaires, sans la moindre inspiration et la plupart des acteurs sont franchement pas très bons, voir mauvais ; on a envie de dire : ce ne sont que des rappeurs après tout, de la gueule un point c'est tout ! Un très bon point pour les femmes, qui n'ont rien à envier aux deux rôles masculins majeurs. En conclusion un polar auquel il manque de la classe et du style à tous les niveaux, qui ne surnage que grâce à une seconde partie un peu plus solide.

 

Note :                    

09/20

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