Moonraker (1979) de Lewis Gilbert

11ème opus des James Bond "officiels", ce film n'est pourtant pas celui qui était prévu. En effet, si vous vous souvenez de la fin du précédent, "L'Espion qui m'Aimait" (1977) de Lewis Gilbert il était annoncé que James Bond reviendrait dans "Rien que Pour vos Yeux" mais ce dernier arrivera un plus tard. En effet, les succès récents de SF comme "Rencontre du troisième Type" (1977) de Steven Spielberg et surtout "La Guerre des Etoiles" (1977) de George Lucas a poussé les producteurs a préféré cette aventure "lunaire" d'autant plus qu'il restait dans les tiroirs quelques bribes de scénariis datant de "Les Diamants sont Eternels" (1971) de Guy Hamilton qui pouvaient resservir. Ce film est adapté "officiellement" du roman éponyme (1955) de Ian Flerming mais le film est très différent, notamment parce qu'il a fallu ajouter une dimension de science-fiction alors à la mode. Le scénario est signé de Christopher Wood déjà auteur de "L'Espion qui m'Aimait". Ce film est une co-production franco-britannique, d'où une grande partie du tournage qui s'est déroulé en France et une bonne partie du casting est également français... Une navette spatiale disparaît soudainement alors qu'elle était transportée pour sa destination finale. 007 découvre alors que c'est le constructeur de la navette qui est responsable car il prépare une nouvelle race pour repeupler la Terre...

Roger Moore incarne 007 pour la quatrième fois, et il retrouve son ennemi aux dents d'acier Richard Kiel alias Requin croisé dans l'épisode précédent et qui, paraît-il, serait de retour un peu plus gentil par la grâce du fils du producteur Michael G. Wilson qui en était fan ! Chez les James Bond Girls, la principale est jouée par Lois Chiles vue dans "Nos Plus Belles Années" (1973) de Sydney Pollack et "Mort sur le Nil" (1978) de John Guillermin, puis on peut citer la frenchy Corinne Cléry tout auréolée du succès du film érotique "Histoire d'O" (1975) de Just Jaeckin. Les français sont donc à l'honneur avec ne premier lieu le méchant Drax qui est interprété par Michael Lonsdale qui avait tourner récemment pour des réalisateurs étrangers avec "Monsieur Klein" (1976) de Joseph Losey et "Passeur d'Hommes" (1978) de Jack Lee Thompson. La plupart des français ont des seconds rôles voir que des apparitions, amusez-vous à reconnaître Jean-Pierre Castaldi, Georges Beller, Guy Delorme, Blanche Ravalec... Enfin le MI6 est toujours composé de ses membres phares avec Desmond Lelwelyn/M, Lois Maxwell/Moneypenny (dont la fille Melinda Maxwell joue une des "élues" de Drax) et Bernard Lee/M, ce dernier joue-là son rôle pour la dernière fois après des années de présence depuis les débuts avec "James Bond contre Dr. No" (1962) de Terence Young... A noter que le monteur du film, John Glen sera le futur réalisateur des quatre prochains 007. Une des premières surprises est sans le retour unique de la chanteuse Shirley Bassey qui interprète pour la 3ème fois la chanson d'un James Bond après "Goldfinger" (1964) et "Les Diamants sont Eternels" (1971) tous deux de de Guy Hamilton. A force de vouloir faire de la SF il semble surtout que 007 s'est perdu en cours de route. La première partie est moyenne  mais reste dans le style bondien avec ses gadgets, ses  jolies filles et un Roger Moore plus que malicieux (ce n'est pas une qualité ici !). Etonnament, on devine que ça va déraper à partir de la musique, bien que signée du compositeur "historique" de la saga John Barry on se demande bien ce qui lui est passé par la tête !

On a droit à plusieurs clins d'oeil à d'autres films (une liste serait trop longue), mais surtout ces intermèdes musicaux sont d'une maladresse à pleurer ; par exemple un extrait du western "Les 7 Mercenaires" (1960) de John Sturges alors que Bon est accoutré façon Eastwood dans "Pour une Poignée de Dollars" (1964) de Sergio Leone, ou encore cette mélodie tirée de "Lawrence d'Arabie" (1962) de David Lean tandis que Bond traverse le désert, on aura connu plus subtil et inspiré. Le film a une césure qui donne la sensation douloureuse que "Moonraker" est en fait l'assemblage sans queue ni tête de deux films distincts. Quand votre enfant s'exclame dans la seconde partie : "Mais ce n'est plus James Bond, c'est Star Wars !", vous avez la confirmation dont vous n'aviez pas forcément besoin ! Car en effet, la second partie tombe dans la SF de série Z des pires nanards de l'époque. Côté 007, c'est un peu comme si on n'avait pris le pire de "On ne Vit que Deux Fois" et de "Les Diamants sont Eternels" ! La bêtise prend un tournant encore plus risible quand Requin lui-même se métamorphose en belâtre énamouré !!! On touche alors le fond et plus rien ne peut sauver ce qui doit être le pire James Bond de la franchise. Bagarre mollassonne et déjà vu et revu, méchant sans envergure (désolé Michael Lonsdale !) et même les Bond Girls sont un peu coincées. Rien ne va, on passe du regardable au début à du nanard... En attendant "Rien que Pour vos Yeux"...

Note :              

Pour info bonus, Note de mon fils de 10 ans :