Mother ! (2017) de Darren Aronofsky

A ne pas confondre avec le film "Mother" (2010) de Bong Joon-Ho, ce film est le 7ème film du réalisateur Darren Aronofsky qui s'était fait connaitre avec "Pi" (1998) et surtout qui était entré par la grande porte avec le chef d'oeuvre "Requiem for a Dream" (2000). Cette fois il revient avec un thriller fantastique aux références plus marquées qu'à l'accoutumé pour un huis clos intense où des individus s'invitent chez un couple inassorti, un homme ayant 21 ans de plus que sa compagne, cette dernière étant femme soumise d'un vieil artiste qui semble ne s'intéresser qu'à lui. Le couple est joué par l'excellent Javier Bardem (48 ans) et Jennifer Lawrence (27 ans). Tandis que parmi les intrus on trouve le couple Ed Harris - Michelle Pfeiffer (qu'on avait pas vu en salle depuis "Malavita" en 2013 de Luc Besson), les frères Brian Gleeson et Domhnall Gleeson (fils de Brendan Gleeson), ainsi que Jovan Adepo révélé par "Fences" (2017) de et avec Denzel Washington et Kristen Wiig plus habituée aux comédies style "Mes Meilleures Amies" (2011) et "S.O.S. Fantômes" (2016) de Paul Feig. Pour l'anecdote, ce film est le premier de Aronofsky dans lequel ne joue pas Mark Margolis.

Malheureusement, très vite on comprend la construction narrative qu'a choisi le réalisateur-scénariste et ce n'est plus depuis longtemps une surprise ou un concept innovant. On pense par exemple à "L'Armée des 12 Singes" (1996) de Terry Gilliam... Aronofsky y ajoute un pointe de "home survival", de thriller psychologique et de fantastique façon satanisme. Malgré le côté surnaturel, le réalisateur insiste au contraire sur le réalisme des événements renforcés par le grain particulier de la pellicule et d'un ton de lumière chaude qu'on doit au directeur photo Matthew Libatique, fidèle du cinéaste depuis toujours sauf sur "The Wrestler" (2008). On est d'abord assez décontenancé par la soumission de la jeune épouse, serviable à un point difficile à comprendre surtout quand son époux se met à accepter des inconnus sans qu'elle ne réagisse réellement. Cet état de fait accentue nos interrogations et surtout ne fait que confirmer nos doutes sur l'évolution du récit, et très vite finalement on devine la suite. Reste alors le pourquoi du comment.

Si on comprend la métaphore sur la création artistique avec la procréation, ça reste franchement peu étoffé et un peu trop symbolique pour convaincre pleinement. Ensuite le côté "satanisme" et "sectarisme" se partage nos interrogations, mais idem, le cinéaste n'approfondit pas plus que ça sa métaphore artistique. On reste sur notre faim. On reste pris dans cet engrenage malgré tout, une avalanche d'invités qui accentue petit à petit ce climax dérangeant et anxiogène. Prenant, le film offre une atmosphère malsaine qui, malgré le style de narration vite éventé, permet de nous secouer et de rester hypnotiser par cette histoire. En prime un casting solide qui ne manque pas de glamour. Si le couple Lawrence-Bardem pèche surtout par des personnages trop différents et caricaturaux, on salue surtout la performance de Michelle Pfeiffer en mégère démoniaque. Le réalisateur des chefs d'oeuvres "Requiem for a Dream" et "Black Swan" (2011) signe pourtant un film décevant car trop bancal. En effet, on a la sensation que Darren Aronofsky n'a pas su vraiment quelle direction prendre vraiment (qui est l'époux ?!). Ayant déjà été un peu déçu avec son dernier film, "Noé" (2014), il baisse encore d'un cran et on ne peut qu'espérer pour le prochain...

Note :