The Lobster (2015) de Yorgos Lanthimos
4ème long métrage depuis "Kinetta" (2005), le réalisateur grec retrouve son fidèle scénariste Ethimis Filippou après "Alps" (2013) et le vainqueur du prix Un Certain Regard à Cannes "Canine" (2009) pour ce film, premier hors Grèce et premier en langue anglaise avec, en prime, un casting international. Résultat un film hors des sentiers battus, assez unique, qui a raflé le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes. Le spitch a de quoi laisser perplexe... Dans un monde où les adultes ne peuvent rester célibataires, ils ont un quota de 45 jours pour trouver l'âme soeur au risque, sinon, d'être transformé en animal ! Sorte de monde dystopique comme le cinéma en rafole depuis quelques années sauf que cette fois Lanthimos y ajoute une grosse dose d'humour noir et de cynisme matiné de romantisme dans une fable aussi cruelle qu'absurde.
Excellent point pour l'originalité et l'audace d'un tel sujet dans un style anti-commercial, complètement décalé. On pense à Quentin Dupieux ou Spike Jonze mais dans un style réaliste qui désarçonne d'autant plus. Le personnage principal, anti-héros total, est interprété par un Colin Farrell étonnant et épatant, méconnaissable en bonhomme bedonnant (20kg de pris !) et largué qui va, mine de rien, s'ouvrir à la vie, à vouloir survivre d'abord par soif d'amour. Ce personnage est appelé David, tout un symbole quand les autres ne sont franchement nommés comme la femme myope (Rachel Weisz), l'homme qui zozote (John C. Reilly), la femme de ménage (Ariane Labed, déjà dans "Alps"), le boiteux (Ben Whishaw), la chef des Solitaires (Léa Seydoux), la femme sans coeur (Angeliki Papoulia, déjà dans les deux précédents films du réalisateur)... etc... Par contre certains paramètres semblent un peu trop légers comme le point commun des couples qui pose automatiquement une incohérence gênante. Le choix dans la "manière" à la fin laisse tout aussi perplexe. Néanmoins Yorgos Lanthimos prouve une fois pour toute que son cinéma atypique est d'une grande richesse, qu'il ouvre la perspective d'un cinéma neuf et nouveau. Un conte âpre et loufoque qui offre peu de place à l'optimisme. Une jolie surprise.
Note :