Z (1969) de Costa Gravas

par Selenie  -  21 Mars 2016, 12:54  -  #Critiques de films

Avec "Compartiment tueurs" (1965) et "Un homme de trop" (1966), Costa Gravas s'est imposé comme un cinéaste stylé et engagé. Il va montrer qu'il n'a pas peur de jouer le poil à gratter de la République en débutant un cycle politique avec "Z" et qu'il poursuivra avec des films forts et polémiques comme "L'aveu" (1970), "Etat de siège" (1973), "Section Spéciale" (1974) et "Missing" (1982)... Des films où on retrouve plusieurs fois des acteurs fidèles. Sur "Z" le casting est donc composé, entre autres, de Charles Denner, Jacques Perrin, Yves Montand et Jean-Louis Trintignant qui sont apparus et qu'on va revoir dans d'autres films de Costa Gravas. Pour ce film le réalisateur s'est adjoint comme co-scénariste l'écrivain Jorge Semprun, lui aussi très engagé, il fallait bien ça pour écrire un scénario audacieux, direct et polémique qui reste un réquisitoire terrible contre la Dictature des Colonels instaurée en Grèce en 1967. D'ailleurs Coasta Gravas annonce la couleur d'entrée, le film débutant par un encart où on peut lire : "Toute ressemblance avec des évènements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard. Elle est volontaire." !... De nombreuses références à la Grèce dans le film fourmillent...

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Adapté du roman éponyme de Vassilis Vassilikos "Z" signifie  en grec ancien "il vit" ou "il est vivant" et est une lettre qui était peinte sur les murs pour protester contre l'assassinat de l'homme politique Lambrakis en 1963. Le message politique de Costa Gravas ne souffre donc d'aucun doute. On plonge alors dans la fournaise de la corruption et de l'éveil fasciste  dans un pays en proie à la débâcle. Le leader progressiste est victime d'un attentat, alors qu'on tente de faire croire à un accident, un juge honnête et intègre comence à monter un dossier contre les vrais responsables, policiers militaires et gouvernement, avant qu'un évènement vienne changer la donne. Yves Montand apparait 12 minutes seulement mais impose son charisme dans le rôle du leader tandis que Trintignant accepte de baisser son cachet pour interpréter le juge. Un film dont le message est si politiquement clair méritait bien un effort de ces stars dont l'engagement était de toute façon connu (surtout Montand). Notons que la musique est signée Mikis Theodorakis, alors lui-même emprisonné par le régime des Colonels, a fait passer à Costa Gravas : "prends ce que tu veux dans mon oeuvre". La malaise est toujours palpable, foisonnant et ce fascisme sous-jacent, fait froid dans le dos. Un rythme toujours soutenu par une tension qui se retrouve autant dans les manifestations que dans les agissements des protagonistes, à l'exception du juge, toujours maître de lui et calme. Un film coup de poing, réaliste qui a reçu en 1970 l'Oscar du Meilleur film étranger (pour l'Algérie !), le Golden Globe du meilleur film étranger, le Prix du Jury 1969 à Cannes ainsi que le Prix d'Interprétation pour Jean-Louis Trintignant.

 

Note :            

 

18/20
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