Plume Blanche (1955) de Robert D. Webb
Western pro-indien qui se démarque par deux choses, la première par un prologue pesant et trop beau pour être vrai tout en insistant sur la véracité des faits relatés dans le film, et ensuite par le fait que le scénario est co-signé par le grand Delmer Daves, lui-même grand réalisateur de western comme "La Flèche Brisée" (1950) et "3h10 pour Yuma" (1957)... Mis en scène par Robert D. Webb, ce dernier en profite pour faire appel à un jeune premier qu'il a lancé dans le film "Tempête sous la mer" (1953), Robert Wagner... Acteur dont la carrière au ciné se résume à un beau début et qui reste son apogée en 4 films majeurs en 5 années avec "La Lance Brisée" (1954) de Edward Dmytryk, "Prince Valiant" (1954) de Henry Hathaway et "Le Brigand bien-aimé" (1957) de Nicholas Ray ; si il tournera toujours la suite sera surtout des seconds voir troisième rôle avant que sa popularité ne connaissent un second souffle à la télévision dans les années 1979-1984.
Mais à y regarder de plus près le reste du casting est presque du même acabit, en effet Jeffrey Hunter est un autre beau gosse qui va connaitre son apogée avec le chef d'oeuvre "La Prisonnière du Désert" (1956) de John Ford et dont la carrière déclinera inexorablement par la suite. L'actrice Debra Paget, sublime créature ne sera trop souvent un faire valoir exotique dont l'apogée signera aussi son déclin après le dyptique "Le Tigre du Bengale" (1959) et "Le Tombeau Hindou" (1959) de Fritz Lang, à noter que l'actrice est une fidèle de Delmer Daves notamment vue dans "La Flèche brisée" où elle était déjà une indienne... Pour l'anecdote, Debra Paget joue ici le dernier des 5 films tournés avec Jeffrey Hunter et le dernier des 3 films tournés avec Robert Wagner... Le film débute assez mal avec ce prologue argumentant en Voix Off sur la véracité du récit, tellement appuyé qu'évidemment ça sonne très faux. Et il s'avère qu'effectivement c'est très romancé, que plusieurs séquences prêtes à sourire et que les noms sont historiquement inintéressant. On se situe dans la période post-Little Big Horn et pré-exode, soit en 1877, le film présumant raconté les prémices annonçant ce qui sera connu comme "l'Automne Cheyenne" ou "La grande marche Cheyenne" (1877-1879) qui sera notamment magnifiquement retracé dans le chef d'oeuvre unique sur ce sujet, "Les Cheyennes" (1964) de John Ford... Malgré Delmer Daves (co-scénariste avec deux autres nom) le récit nie tient pas franchement la route. Le héros est un géomètre qui se mêle de beaucoup de chose et s'impose comme négociateur on ne sait trop comment.
A l'époque les deux plus grands chefs Cheyenne sont Little Wolf et Dull Knife, ici inconnus et remplacés par des noms qui le sont tout autant ! La dernière partie est aussi saugrenue que longuette, prenant une place trop importante pour un film de seulement 01h35. Niveau jeu d'acteur rien d'exceptionnel non plus, Robert Wagner joue le gentil beau gosse sans aspérité (comme d'habitude), Jeffrey Hunter plus talentueux mais limité par son maquillage et Debra Paget, toujours superbe mais un peu effacée par un rôle sans envergure. Robert D. Webb réalise un western honnête et plutôt plaisant mais historiquement à côté de la plaque, sans souffle et trop scolaire. Et c'est là qu'on aurait aimé que Delmer Daves s'empare du film jusqu'au bout...
Note :