L'Aventure des Marguerite (2020) de Pierre Coré

Après un premier long métrage d'animation plutôt réussi avec "Sahara" (2017), le réalisateur-scénariste Pierre Coré choisit cette fois un film à prise de vue réelle. Cette histoire  n'a rien d'un choix surprenant pour cet artiste qui est avant tout un auteur de livre pour enfant et un producteur-scénariste de programmes jeunesse notamment pour les chaines M6, Arte et France Televisions. Ce nouveau projet est une adaptation d'un livre jeunesse signé d'un autre auteur, "Le Temps des Marguerite" (2009) de Vincent Cuvellier (illustration de Robin). Pour le scénario Pierre Coré collabore, après "Sahara",  une seconde fois avec Stéphane Kazandjian lui-même réalisateur notamment de "Moi, Michel G., Milliardaire, Maître du Monde" (2011), et scénariste entre autres de "Un Monstre à Paris" (2011) de Eric Bergeron, "Pattaya" (2015) et "Taxi 5" (2017) tous deux de et avec Franck Gastambide...

Marguerite et Margot ont 12 ans mais vivent à deux époques différentes. Leurs vies connaît un tournant inattendu quand l'une et l'autre se retrouvent dans un coffre qui va les téléporter respectivement dans le quotidien de l'autre. Ainsi L'une passe de 1942 à 2019 et l'autre de 2019 à 1942. Chacune ayant "perdue" leur papa, il semble que la solution pour revenir chez soit de retrouver chacune le père de l'autre, mais c'est sans compter le choc des générations les séparant... Le double rôle de Margot/Marguerite est incarné par la jeune Lila Gueneau Lefas qui trouve là son premier grand rôle après deux courts métrages et un petit rôle récurrent dans la série TV "Les Témoins" (2017). Elle est entourée de Clovis Cornillac vu récemment dans "Les Vétos" (2019) de Julie Manoukian et de Alice Pol vue tout aussi récemment dans "Le Dindon" (2019) de Jalil Lespert. Dans de petits rôles on peut citer deux acteurs qui avaient disparus des grands écrans plusieurs années avant de revenir l'année dernière, Grégori Derangère vu dans "Je ne Rêve que de Vous" (2019) de Laurent Heynemann, puis Wladimir Yordanoff vu dans "J'Accuse" (2019) de Roman Polanski... Le voyage dans le temps ait un thème récurrent dans le cinéma, on pense forcément au populaire "Les Visiteurs" (1993) de Jean-Marie Poiré. L'échange entre deux protagonistes n'est également pas nouveau et repose sur un paramètre essentiel : le choc entre deux époques et donc de générations. La facilité serait de passer de l'antiquité à aujourd'hui, mais le plus judicieux peut-être au vu de l'âge des héroïnes est bel et bien 39-45 et aujourd'hui car il s'agit d'un temps que les moins de 20 n'ont pas connu mais qui reste assez proche pour s'amuser de l'évolution incroyable de ces dernières décennies surtout en ce qui concerne la technologie et surtout, les moeurs. Mais la première chose qui frappe est presque une erreur de casting. En effet, nos deux Marguerite doivent avoir 12 ans, on s'étonne donc qu'elles soient jouées par une jeune fille de 15 ans. Si la différence paraît faible, à l'adolescence ce n'est plus un détail !

A partir de là faut faire abstraction et partir du principe qu'il s'agit d'une erreur de transcription et que Margot et Marguerite ont en fait 15-16 ans. Lila Gueneau Lefas incarne les deux jeunes filles de jolie manière, à savoir sans trop appuyer les différences entre les deux protagonistes, restant dans une sobriété tout à son honneur laissant surtout les dialogues faire le reste. Le parallèle entre 1942 et 2019 est géré dans un bel équilibre dans la présence et l'importance à l'écran. Le paramètre qui prend le plus de place reste cependant et très largement les différences de moeurs et d'éducation entre les deux quotidiens des adolescentes. Sur ce point c'est quasi parfait, sans marteler de morale dont personne n'a ni besoin ni envie, le récit dresse un constat simplement. Par contre on peut être déçu par la partie Occupation allemande, très peu exploitée et survolée juste résumée à quelques uniformes de la Wermacht et un peu de langue allemande. On sent que le budget à du sans doute être un frein. Le film aurait sans doute gagner à rajouter 10mn en durée afin de densifier cette partie et enrichir de façon plus ludique de point d'Histoire. Mais le scénario est assez bien troussé pour nous laisser happer par cette aventure façon fable moderne qui ne manque pas de rythme et d'idées. Tous les gags ne sont pas franchement efficaces, et tous les rebondissements ne sont pas franchement originaux mais la sauce prend bien et on passe un bon moment. Ainsi l'idylle est sans surprise et téléphonée, l'Occupation est traitée par-dessus la jambe, certains passages tirés un peu par les cheveux, mais pour contre-balancer on a des acteurs au diapason, des dialogues bien ciselés dont un Clovis Cornillac particulièrement bien servi, la morale féministe (à la mode) et paternaliste est instillé sans sabots ce qui est appréciable. En prime, on s'aperçoit que la bande-annonce n'est pas obligatoirement composée des meilleurs scènes (Pour une fois !). En conclusion une jolie comédie familiale, assez drôle et émouvante pour plaire au plus grand nombre. Un bon moment.

Note :