Les Nuits de Cabiria (1957) de Federico Fellini

par Selenie  -  29 Mars 2021, 09:17  -  #Critiques de films

Grâce à des films comme "Les Vitelloni" (1953) et surtout "La Strada" (1954) Federico Fellini est déjà une des plus grands réalisateurs italiens, et depuis son film "Le Cheik Blanc" (1952) il pense à signé un film tiré du personnage de Cabiria qui était joué par son épouse Giulietta Masina, cette prostituée avait d'ailleurs un prénom emprunté au film "Cabiria" (1914) de Giovanni Pastrone. Au départ faire un film sur des prostitueés n'étaient pas des plus vendeurs en Italie jusqu'à ce que le cinéaste reçoive à nouveau le soutien du nabab Dino De Laurentiis, déjà son producteur de "La Strada". Pour son nouveau projet Fellini retrouve ses scénaristes fidèles Ennio Flaiano et Tullio Pinelli, associés cette fois à un certain Pier Paolo Pasolini, choisit pour ses connaissances des milieux interlopes, dans un de ses premiers travail pour le cinéma avant de devenir lui-même un réalisateur-scénariste prestigieux de "Accatone" (1960) à "Salo ou les 120 Journées de Sodome" (1975) en passant par "Theoreme" (1968). Partant du personnage de Cabiria dans "Le Cheik Blanc", Fellini se base aussi sur ses rencontres avec les péripatéticiennes rencontrées lors du tournage de "Il Bidone" (1955), les auteurs adaptent aussi très librement le roman "Maria Molinari" (1954) de Sebastia Juan Arbo... A Rome, Cabiria, une prostituée naïve est sauvée de la noyade après avoir été bernée par celui en qui elle voyait le grand amour, enfin. Malgré tout, elle reprend sa vie, passe une nuit presque idéale avec un vedette puis rencontre un homme qui paraît trop gentiel pour être honnête, Oscar. Cette fois, le grand amour semble franchement tenir ses promesses...

Cabiria est donc une nouvelle fois incarnée par Giulietta Masina pour son 5ème film sous la direction de son époux, sur les 7 qu'ils tourneront ensemble de "Les Feux du Music-Hall" (1950) à "Ginger et Fred" (1985) en passant par le chef d'oeuvre "La Strada". Sa meilleure amie est interprétée par Franca Marzi qui obtiendra le Ruban d'Argent de la meilleure actrice dans un second rôle. La vedette est jouée par Amedeo Nazzari vu dans "Le Bandit" (1946) de Alberto Lattuada et "Les Coupables" (1953) de Luigi Zampa, sa fiancée est jouée par Dorian Gray vue dans "Bambino" (1956) de Giorgio Simonelli et "Le Cri" (1957) de Michelangelo Antonioni, citons aussi Ennio Girolami vu dans "La Pensionnaire" (1954) de Alberto Lattuada et "Marisa" (1957) de Mauro Bolognini, puis le vétéran Aldo Silvani qui retrouve l'équipe après "La Strada", et enfin citons le prétendant incarné par le frenchy François Périer dans un de ses seuls rôles de séducteur pour ce grand acteur omniprésent sur plusieurs décennies dont on peut citer les films italiens avec "Les Amants de Villa Borghese" (1953) de Gianni Franciolini, "Nous sommes Tous Coupables" (1959) de Luigi Zampa, "Annonces Matrimoniales" (1963) de Antonio Pietrangeli et "Les Camarades" (1963) de Mario Monicelli. A noter que Fellini fait appel une nouvelle fois au compositeur Nino Rota qui aura signé quasi tous les musiques de Fellini depuis "Le Cheik Blanc"...  La première scène nous plonge dans l'intimité de Cabiria en un instant, où comment une femme qui a tout de la pute au grand coeur croit encore au grand amour et se fait avoir comme la première pucelle. Aussitôt après elle retourne à son quotidien, duquel elle n'est pourtant pas peu fière. Ainsi on  voit une Cabiria qui un look impayable, qui a la gouaille d'une marchande de poissons, mais elle est propriétaire de sa maison (une rareté dans son milieu) et reste d'un optimisme qui la maintient la tête hors de l'eau.

Mais quoi qu'il arrive on ressent toute la mélancolie dans les yeux de Cabiria/Masina dans cet univers à la fois dur et empreint d'une certaine liberté, d'optimisme, de fatalité et de réalisme poétique avec en prime une Cabiria lunaire et une Guilietta Masina lumineuse. A chaque rencontre Cabiria cherche le bonheur, et les spectateur espère pour elle avec plusieurs séquences marquantes comme la séance d'hypnose, le retour à la réalité via la salle de bain, le rendez-vous ultime qui renvoie forcément au début du film, et ce dernier plan, à la fois si beau et si émouvant. On est forcément touché par cette femme qui espère toujours sortir de sa condition malgré sa naïveté et sa malchance. Par contre Fellini occulte son travail, car si Cabiria vend son corps on n'en verra rien ni de près ni de loin. Fellini signe un film magnifique sur l'optimisme, sur la foi en ses rêves, et on pourrait même y voir un message sur la condition des prostituées alors que le film sort à l'époque en plein débat sur la loi pour l'abolition des maisons closes en Italie. Le film est un succès, avec en prime l'Oscar du meilleur film étranger et un Prix d'Interprétation pour Giulietta Masina. Notons que le film aura son remake musical avec "Sweet Charity" (1969) de Bob Fosse pour son premier film. En conclusion, Fellini signe un film magnifique avec comme héroïne l'alter ego féminin de Chaplin.

 

Note :     

17/20
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