Boy A (2007) de John Crowley
Adaptation du roman "Jeux d'enfants" de Jonathan Trigell qui est lui-même inspiré d'un fait divers qui avait défrayé la chronique en 1993, à savoir, la torture et le meurtre d'un enfant de 2 ans par deux autres de 10 ans ; un crime qui fut filmé par caméra-surveillance et dont les deux coupables furent libérés à 18 ans avec de nouvelles identités... Le réalisateur John Crowley prend le parti, casse-gueule, de comprendre ce type de décision, il tente ainsi denous faire adhérer à une certaine compassion pour le jeune homme du film, nous emmener vers le pardon et une certaine idée de la justice. Outre la présence de l'excellent Peter Mullan John Crowley offre le premier rôle à un jeune acteur jusqu'ici inconnu, Andrew Garfield...
Ce dernier est depuis devenu un acteur qui monte notamment avec "The Amazing Spider-Man" (2012) de Marc Webb... Dès le début on nous place en témoin de l'émancipation du meurtrier, jeune adulte, à qui on donne une nouvelle identité et un travail, auquel son tuteur (Peter Mullan) explique la démarche et ses espoirs. Le jeune homme est touchant, trouve un travail, se fait des amis, trouve une copine... Bref tout va bien, on va jusqu'à une certaine empathie pour le monstre qu'il est ou qu'il a été (?! là it's the question !) avant, évidemment, le grain de sable... Réaliste ce film est, malgré le message de rédemtion et d'espoir, d'un pessimisme fort, Crowley ne semblant pas croire à son message, ou ne pas croire au changement dans l'opinion publique. Si Andrew Garfield trouve là son premier et vrai rôle (encore aujourd'hui son meilleur rôle) il surjoue pourtant un peu trop le psychotique fragile (grimaces et tics faciaux). Par contre l'excellence de Peter Mullan nous emporte, son personnage plein d'espoir, qui croit au pardon ultime et à la reconstruction d'un monstre en être humain est renversant... Bon point sur l'absence des gros sabots larmoyants... Dans la grande tradition des drames sociaux britanniques "Boy A" est donc une belle réussite, salutaire même si Crowley demande beaucoup...
Note :