Big Eyes (2015) de Tim Burton
Après "Frankenweenie" (2012) et "Dark Shadows" (2012) Tim Burton jette son dévolu sur un biopic, son second seulement après "Ed Wood" (1994). Il est flagrant et même étonnant que le réalisateur à la coiffure hirsute ne s'est pas intéressé avant tant le lien est évident. Margaret Keane et ses Big Eyes sont en effet une source d'inspiration pour Burton en témoignent les yeux exorbités parsemés dans ses films comme dans "Les Noces Funèbres" ou "Charlie et la Chocolaterie"... Burton collectionne d'ailleurs la peintre, rien de plus normal finalement... Et pour ce biopic qui doit lui tenir particulièrement à coeur il s'est entouré de fidèles comme Collen Atwood aux costumes (90% de création originale !), Bruno Delbonnel pour la photographie (déjà sur "Dark Shadows", a travaillé avec Jeunet) et Rick Heinrichs en chef décorateur, qui le suivent depuis les débuts. Si niveaui technique il s'entoure de fidèle cette fois il fait peau neuve niveau casting. Pas de Johnny Depp ni de Helena Bonham Carter ici mais un couple inédit avec la charmanet Amy Adams et l'extravavagant Christopher Waltz. Choix judicieux chacun d'eux apportant une touche personnelle à leur personnage, douce, charmante et discrète pour madame Keane, volubile, extraverti et démonstratif pour monsieur Keane. Outre tous ceux là il ne faut pas oublier l'excellence du duo de scénaristes-producteurs Scott Alexander et Larry Karaszewski, déjà à l'oeuvre sur "Ed Wood" ils se sont fait une spécialité du biopic avec également les scénarios de "Larry Flint" (1997) et "Man on the moon" (2000) de Milos Forman...
Bref ce film à tous les voyants au vert... Sujet burtonien, histoire vraie surprenante, une équipe aguerrie... Malheureusement si le film a les voyants au vert et qu'au final le film est bon on reste un peu sur notre faim. C'est un film à part si on regarde de plus près, outre son sujet cher à Burton, on sait que sur ce film il a délaissé le 35mm pour le numérique pour cause de budget. Pas étonannt avec un budget de "seulement" 10 millions de dollars comparés au 150 millions de "Dark Shadows" et au 200 millions de "Alice au Pays des Merveilles" ! Un sujet qui n'est pas seulement dû à l'oeuvre artistique des Big Eyes, en toile de fond il y a aussi un vrai contexte sur la situation de la femme dans les années 50-60. Un vrai message féministe finalement symbolisé par le personnage de Dee-Ann (superbe Krysten Ritter),jeune femme libre et émancipée... D'ailleurs cette derniière est le seul personnage n'ayant pas existé en vrai, un personnage représentatif qui, mine de rien, est ce à quoi aspire Margaret Keane, une place à part entière. A contrario on est déçu que ce personnage soi un peu sous-exploité, mais c'est aussi le seul personnage fictif, ceci explique sans doute cela. Nous voilà alors au vrai soucis. "Big Eyes" semble trop classique (dans la filmo de Bruton), on a pas la folie douce d'un "Ed Wood" ni l'originalité d'un Burton en ébullition... Alors pourquoi ne s'être pas servi plus à fond d'un personnage tel que Dee-Ann ?! Néanmoins c'est un bon et beau film, parce que Margaret Keane nous touche, que le récit est plus universel que les simple Big Eyes, et que l'ensemble offre un biopic riche, trsite parfois, succulent à d'autre grâce à ce face à face entre le frustré mythomane et l'artiste réservé. Sans doute pas le meilleur Tim Burton mais un bon film et une belle histoire.
Note :