L'Ombre des femmes (2015) de Philippe Garrel
Deux ans après "La Jalousie" (2013) Philippe Garrel signe une sorte de suite thématique mais cette fois sans son fils Louis Garrel. Père avait toujours inclus son fils au casting jusqu'ici et cette fois s'il n'apparait pas à l'écran, Louis est pourtant bien présent en étant la voix Off... Présenté cette année à la Quinzaine des Réalisateurs, Philippe Garrel poursuit son exploration des complexités amoureuses dans son style devenu le sien depuis un moment avec un Noir et Blanc stylisé qui nous ramène indéniablement dans les années 60 de la Nouvelle Vague et fait suite logiquement à ses précédents films comme "Les Amants Réguliers" (2005) et "La Frontière de l'Aube" (2008). Avec un format un peu court de 1h15 (comme "La Jalousie") on est un peu agacé par une voix Off qui ne sert que les évidences que le récit donne ; le spectateur est sans doute trop idiot pour comprendre ?! Il ne s'agit pourtant que de l'histoire d'un couple en crise.
Monsieur trompe sa femme qui apprend qu'elle fait la même chose de son côté... Les méandres du couple avec pour fond une réflexion lucide sur la différence et le trouble jeu entre sentiment et chair. Sur un scénario co-écrit avec sa compagne et Jean-Louis Carrière, Philippe Garrel ne surprend pas plus tant ces sujets hantent son oeuvre. Malgré tout chaque situation est intelligemment mis en scène, sans pathos ni caricature. Par contre le casting n'est peut-être pas parfait. Plaisir de revoir Vimala Pons, égérie du cinéma d'auteur trop peu employée, une découverte avec Lena Paugam (un seul court avant "Les Vivants" en 2014 de Tannequy O'Meara) pour son premier long métrage, et surtout une Clotilde Courau merveilleuse et touchante qu'on n'avait pas vu aussi habitée depuis... depuis... bien longtemps ! La déception vient de Stanislas Merhar, jeune premier auquel on promettait un grand avenir dans les années 1997-2002 et qui semblait s'engouffrer dans le déclin depuis longtemps. L'acteur interprète ici le goujat, le mâle incarné, macho cela va de soit mais il est sans âme, jouant le mutique léthargique qui pousse à l'antipathie alors que son personnage n'en demandait pas tant ! Une voix Off inutile et pesante, un acteur principal endormi et une durée un peu courte mais ça reste un joli film, bien vu sur le comment du pourquoi de l'infidélité et surtout sur des conséquences parfois plus dramatiques que les causes.
Note :