Horreurs Nazies (1976) de Sergio Garrone
Film typique de ce qu'on a appelé la Nazisploitation, sous-genre souvent classé dans des films de séries B ou Z qui mêle érotisme plus ou moins soft et torture porn tout aussi litigieux. On cite le très bon "Portier de nuit" (1973) de Lilianan Cavani comme film précurseur du genre mais à l'instar des westerns spaghettis les successeurs sont loin d'être à la hauteur. Il est par ailleurs amusant de constater que le réalisateur Sergio Garrone a débuté en signant des westerns spaghettis oubliés pour la plupart comme "Une longue file de croix" (1969), "Django le bâtard" (1969) ou encore "Abattez Django le premier" (1971), dans lesquels jouait son frère Riccardo Garrone. Ce dernier ne joue pas dans ce film-ci dont le titre original est "Lager SSadis Kastrat Kommandantur" et qui existe aussi en France sous le titre "Le camp des filles perdues".
Au casting pas de stars ou d'acteurs connus bien que plusieurs aient déjà œuvré dans des seconds rôles et/ou apparitions dans des westerns spaghettis comme Attilio Dottesio qu'on a pu voir dans "Nevada Kid" (1971) de Demofilo Fidani et "Le retour de Sabata" (1971) de Gianfranco Parolini. L'Italie, après le péplum et le spaghetti s'est donc approprié le sous-genre Nazisploitation avec entre autres des films comme "Llisa la louve des SS" (1975) de Don Edmonds et "Hôtel du plaisir pour SS" (1977) de Bruno Mattei. Dans ce film Sergio Garrone mêle deux intrigues en parallèle en semblant donner de la densité à son récit. Outre les filles choisies pour servir dans un bordel, on a aussi une partie où un savant juif "aide" les nazis pour des expérimentations. Mais bien évidemment le sérieux sous-jacent ne sert que de prétexte à une sorte de film érotisant et de torture qui sont annonciateurs des films qu'on nomme aujourd'hui Torture Porn et qui vont beaucoup plus loin aujourd'hui comme "A Serbian Film" (2010) de Srdjan Spasojevic et "Philosophy of a Knife" (2008) de Andrey Iskanov. Ces films sont interdits dans la plupart des pays ou aux moins de 18 ans. "Horreurs Nazies" a été interdit aux moins de 18 ans en 1976, il est interdit aux moins de 16 ans aujourd'hui mais ferait surtout sourire notre nouvelle génération de spectateurs.
La reconstitution du camp s'arrête à l'essentiel, le règlement semble être plutôt simple voire invraisemblable (des prisonnières vont et viennent et pénètrent au bordel pour y être embauchées sans que ça gêne qui que ce soit), les tortures restent très classiques et pour la plupart ne sont que hors champ, tandis que les femmes restent bien portantes (physiquement et moralement) malgré les conditions d'un camp de concentration. La dimension sexuelle joue sur la soumission et le viol et si l'effet débridé et/ou pervers qui en découle est évident, ça reste presque du folklore ciné-nazisploitation. En résumé un film (comme ceux du même style) qui vieillit particulièrement mal à tous les niveaux. Comme la plupart des films Nazisploitation une curiosité expérimentale ni plus ni moins.
Note :
04/20