Respire (2014) de Mélanie Laurent

Après un premier essai prometteur avec "Les Adoptés" (2011) l'actrice Mélanie Laurent revient avec un second film ambitieux pour lequel elle porte les casquettes de réalisatrice-co-scénariste, dialoguiste et co-productrice. Adapté du roman éponyme (2001) de Anne-Sophie Brasme elle nous conte l'amitié destructrice entre deux adolescentes de 17-18 ans. Loin d'être inspiré par "La Vie d'Adèle" de Kechiche comme on peut le lire par-ci par-là, il n'est nullement question d'homosexualité. Mélanie Laurent s'attache au jeu dangereux de la perversion narcissique (dixit la réalisatrice) entre deux êtres, deux ados fragiles à leur manière et qui montre malheureusement leur force d'une autre façon. Très bon point pour le casting. Dans les seconds rôles et même pour quelques apparitions fugaces on reconnait de grands talents (fémnins) comme Marie Denarnaud (déjà dans "Les Adoptés"), Claire Keim, Carole Franck, Anne Marivin et surtout Isabelle Carré toujours aussi touchante.

Mais évidemment on remarque surtout le duo Joséphine Japy (remarqué dans le trop sous-estimé "Le Moine" en 2001 de Dominik Moll) et Lou de Laâge ("Jappeloup" de Christian Duguay). Ses deux actrices offrent une performance digne des plus grandes, l'une étant une ado réservée et sensible et l'autre étant une extravertie mythomane qui va instaurer une relation basée sur la domination psychologique. Mélanie Laurent s'avère une remarquable observatrice des moeurs adolescentes pour un drame étouffant où la cruauté se mêle à la tendresse. Le travail sur la lumière apporte une sorte d'aura poétique, comme pour atténuer la tragédie sous-jacente. Une lumière qui n'ets pas sans rappeler parfois "Virgin Suicides" (2000) de Sofia Coppola. Notons que ce film et le roman date d'une époque où Mélanie Laurent avait l'âge de ses héroïnes... On pense aussi à "Thirteen" (2003) de Catherine Hardwicke... Mélanie Laurent signe un film fort et juste, très réaliste sans être naturiste, décrivant de belle manière les fêlures adolescentes qui peuvent menées à l'horreur d'un fait divers. Présenté à la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes ce film eu droit à une ovation de 30mn à la fin de la séance. Sans doute un peu beaucoup mais démontre néanmoins l'excellent travail de Mélanie Laurent sur son film et notamment dans la direction d'acteur. 

Note :