La Métamorphose des Cloportes (1965) de Pierre Granier-Deferre

Adapté du roman éponyme de Alphonse Boudard le récit est digne de cette grande époque du polar où l'argot des bas-fonds avait autant d'importance que le déroulement de l'affaire. D'ailleurs le scénario est adapté par Albert Simonin auteur de grands titres comme "Touchez pas au grisbi", "Le Cave se rebiffe" ou "Les Tontons flingueurs"... Eux-mêmes souvent dialogués par le maitre Es argot Michel Audiard. Autant dire qu'ils forment tous les deux l'ossature du film. Le réalisateur du film signe là le film qui va le faire réellement connaitre avant d'offrir ses chefs d'oeuvres dans les années 70 de "La Horse" (1970) à "Une étrange affaire" (1981) en passant par "Le Chat" (1971), "Le Train" (1973) et "Adieu Poulet" (1975).

Le plus gros soucis vient sans doute de la musique, du jazz lancinant signé Jimmy Smith (8ème merveille du monde selon Miles Davis !) ; une BO trop calme, sans envolée qui ne met jamais en tension les moments clés du film. Le scénario commence de façon classique, un sous-genre en soi, un coup qui devait être très rentable s'avère une catastrophe et un seul devient le larron et prend pour 5 ans de taule. Juste le temps de mariner et de prévoir sa vengeance. Mine de rien ce film se détache pourtant des polars précédents (parmi eux ceux citer plus haut) par une violence plus froide, un réel cynisme et une fin assez inattendue surtout parce que le dindon de la farce qui veut se venger est interprété par un Lino Ventura qu'on imagine moins naïf. Avec un casting riche de gueules qu'on aime retrouver ,Aznavour mais surtout Georges Géret et Maurice Biraud avec en prime les monstres sacrés Pierre Brasseur et Françoise Rosay. Un très bon film, un film noir bien ficelé.

Note :