Papa ou Maman (2015) de Martin Bourboulon
Premier long métrage de Martin Bourboulon, ancien publicitaire qui est passé par la télévision avant de se lancer dans ce projet qui a le mérite d'être aussi signé par le duo Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, les auteurs de l'excellente comédie "Le Prénom" (2012). Ces derniers sont donc scénaristes-dialoguistes-adaptateur-producteur de ce film. Autant dire que le réalisateur n'a plus qu'à suivre le tableau de bord. D'un côté peu de place à l'improvisation, on reconnait le talent d'écriture du duo, qui frappe juste pratiquemment à chaque fois sur un débit aussi fort que dans "Le Prénom". De l'autre on reconnait à Martin Bourboulon un réel travail de mise en scène qui s'applique notamment à chaque différente partie du film. Car le film peut être séparé en plusieurs actes.
Le prologue amorce un côté fou plus proche du burlesque et surtout du slapstick. Nous nous retrouvons ensuite dans une partie beaucoup plus dialoguée, la plus jouissive car la plus méchante, donc la plus savoureuse. On ne peut s'empêcher d'avoir un réel plaisir devant un tel déluge de vacherie, c'est juste jouissif. Car l'idée de base est assez géniale, c'est même étonnant que personne n'ait eu encore cette idée ; des parents qui divorcent se battent pour NE PAS avoir la garde de leur enfant ! Outre le choc émotionnel et surtout l'immoralité que suscite un tel choix on ne peut s'empêcher de penser et de réfléchir sur le sujet. Et avouons-le, il existe certainement des parents qui ne se sont pas battus pour obtenir la garde... D'ailleurs le plus gros bémol reste les enfants, pour aller au bout du concept des parents indignes les enfants auraient pu être plus adorables, alors qu'ici ils méritent surtout des baffes ce qui aident à comprendre les parents... Bref l'équipe a sans doute eu peur d'aller trop loin... Néanmoins le scénario est excellent, sans temps mort et semés de trouvailles, de situations et de détails qui frôlent le génie. Allant des personnages (comme la maman vraiment moderne mais dépassé) aux gags de situations (le baiser "baveux" sur le seuil de la porte est assez inouï !) en passant par des dialogues piquants ou sous-entendus vachards et humour noir arracheront un minimum de rire, parfois gêné mais bien là. Les biens-pensants et la morale veut du "Kramer contre Kramer" (1980) de Robert Benton, maintenant on peut se défouler avec ce film qui joue avec les différents codes et genres de comédies. Le duo Marina Foïs-Laurent Lafitte atteint des sommets, délirant parfois, intelligent plus qu'on peut le croire et hilarant souvent. Provoc sans aucun doute mais juste ce qu'il faut pour faire croire à la gratuité des gags. La meilleure comédie française depuis... "Le Prénom" !
Note :