Trois souvenirs de ma jeunesse (2015) de Arnaud Depleschin
Après la petite déception "Jimmy P." (2013) Arnaud Depleschin revient avec un prequel de son film "Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)" (1996) pour lequel il retrouve son acteur fétiche Mathieu Amalric (6ème film ensemble). Un film qui failli être titré "Nos Arcadies", il en sera simplement le sous-titre mystérieux tant on se demande en quoi le film a un rapport avec une terre idyllique... Bref, toujours est-il que le réalisateur se penche sur le personnage du film qui l'a fait connaitre et reconnaitre, un prequel plutôt mal assumé puisqu'à part le nom du "héros", Paul Dédalus, on ne voit pas grand chose de commun avec le film originel. Le film est malheureusement bancal car rien ne semble en adéquation, que ce soit entre les différents actes ou que ce soit entre les deux films.
Le seul et vrai point commun, et pas des moindres, reste les dialogues particulièrement réussis, savoureux mélange entre innocence, mélancolie et la bonne humeur de la jeunesse. Dans le style on est bien loin de l'austérité de "Comment je me..." avec un film plus coloré, une mise en scène plus entrainante. Dans le scénario on s'attend à trois souvenirs importants et des ramifications qui le seraient tout autant. Mais les deux premiers actes restent finalement peu traités, voir délaissés par le réalisateur qui s'attache pour plus de la moitié du film à la seule partie de l'histoire d'amour entre Paul et Esther. Le film débute sur un leurre, la double identité est un concept de pub pas du tout traité et qui s'avère juste du vent dans un scénario surfait, un récit simple qui fait croire à une certaine complexité. Dommage, la relation entre Esther et Paul est pourtant d'une vraie richesse grâce à deux personnages merveilleusement écrits et interprétés tout aussi merveilleusement par deux jeunes acteurs, Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet. Si Mathieu Amalric est toujours très bon, il est ici un simple second rôle. Quand arrive la fin une chose s'impose d'elle-même, pourquoi ne pas avoir fait un film juste sur Esther et Paul ?! Les deux autres actes étant un simple artifice scénaristique... Esther charmeuse, séductrice mais si seule et Paul (trop) sûr de lui et lucide forment un couple qui n'est pas sans faire penser à Antoine Doinel dans les films de Truffaut. Un film intéressant et qui aurait pu être plus fidèle au film originel, le résultat est au final trop bancal et finit par créer des longueurs. Un joli film mais en-deça de ce qu'il aurait pu être.
Note :