Mauvais Sang (1986) de Leos Carax
Second long métrage pour Leos Carax après le remarqué "Boys Meets Girls" (1983). Un film culte pour certains qui est connu comme étant un des premiers films à parler du SIDA... Enfin, précisons qu'il en parle comme une métaphore puisqu'ici il s'agit d'un virus STBO qui infecte les amants qui font l'amour sans s'aimer réellement... Carax choisit un casting hétérogène et audacieux. Aux côtés des anciens Michel Piccoli et Serge Reggiani, il reprend son acteur de "Boys Meets Girls" Denis Lavant (acteur fétiche du cinéaste qui sera de tous ses films sauf "Pola X" en 1999) et surtout deux jeunes actrices qui viennent d'être révélées: Juliette Binoche (remarquée dans "Rendez-vous" en 1985 de André Téchiné) et Julie Delpy ("Détective" en 1984 de Jean-Luc Godard...) D'ailleurs avec ce film, Carax semble créer une filiation avec Godard dans un style déstructuré. C'est sur ce tournage que Carax et Juliette Binoche vont tomber amoureux, on ne peut que s'en rendre compte à l'image, Juliette Binoche est filmée telle une icône, juste sublime.
Le scénario a tout du polar sombre, un gang tentant de voler un vaccin contre le virus anti-sexe libre doit faire avec un "parrain" qui veut sa part du gâteau. Si le film est souvent cité comme étant l'un des premiers traitant du SIDA aujourd'hui ,on peut se poser la question de la réelle importance du sujet. En effet, le virus reste un prétexte mais sur le fond on s'en fout royalement. Pas de quête d'amour libre, pas de sexe dans le film, pas de réelle réflexion, juste un blabla souvent fade où chacun des protagonistes tentent de convaincre l'autre de l'opportunité de leur affaire. Alex (Denis Lavant habité) est amoureux mais tenet rien il ne veut que s'enfuir, Lise (Julie Delpy) est une amoureuse transie qui fait tout pour récupérer Alex tandis que Anna (Binoche lumineuse) fait ce qu'on lui dit. Si le film peut être vu comme un poème lyrique et désenchanté ("Mauvais Sang" fait référence au poème qui ouvre le recueil "Une saison en Enfer" de Rimbaud) il est aussi un poème déstructuré, sans règles établies, qui ne raconte finalement rien d'intéressant, on s'ennuie. On est partagé tout du long du film entre les maladresses et/ou choix incompréhensibles (canicule due à la comète de Halley sans qu'on ne voit les conséquences franches, un montage saccadé voir "cubique", une Binoche omniprésente pour un rôle finalement peu étoffé...) et quelques instants de grâce (Alex qui court, les gros plans sur Binoche, le regard ambigu de Piccoli,...) qui offre souvent un effet de style plus qu'une réelle recherche de profondeur. Un tel film d'une durée de 2h est pesant, original sans aucun doute et semé de belles choses mais tout ça reste bien vain et prétentieux. Un film surestimé car depuis trop longtemps reposant sur la thématique du SIDA, ce qui est sans aucun doute un peu boursouflé de ce côté.
Note :