Les 8 Salopards (2016) de Quentin Tarantino
8ème film de Quentin Tarantino ("Kill Bill 1 et 2" compte pour 1 seul, et co-réalisation notamment avec son ami Robert Rodriguez non inclus), second western également bien que QT insiste assez pour signifier qu'il s'agit avant tout de son premier "film d'horreur". En effet, jusqu'ici le réalisateur avait visité plusieurs style et le retour au far west après "Django Unchained" (2013) pouvait être surprenant. Après ses déboires de janvier 2014 où le scénario avait fuité ; Tarantino a remanié plusieurs fois son scénario allant jusqu'à prévoir d'en faire une pièce de théâtre. Au départ Quentin Tarantino était surtout parti pour faire une suite : "Après avoir fait Django, je savais que je ne voulais pas faire de suite en film mais j'aimais l'idée de faire plusieurs livres de poche centrés sur de nouvelles aventures de Django (...). Je n'avais jamais écrit de roman avant donc j'ai voulu me faire la main avec u livre de poche Django. A l'époque, ça s'appelait "Django in White Hell". A la place du Major Warren (Samuel L. Jackson) c'était Django." Mais le cinéaste abandonna l'idée en partant du principe que Django était trop moral pour avoir sa place au sein des Salopards. Après avoir choisi plusieurs fois des morceaux cultes d'un certain Ennio Moriccone dans ses précédents films, cette fois Tarantino embauche réellement le maestro pour signer la bande originale de ce nouveau projet, Morricone n'a alores pas composé pour un western depuis "On m'appelle Malabar" (1981) de Michele Lupo. Il décide aussi de tourner en système Ultra Panavision 70mm, qui n'avait pas été utilisé depuis le film "Khartoum" (1966) de Basil Dearden et ce, pour rappeler que l'émergence du numérique n'est pas une bonne chose pourt le cinéma. Conséquence : il a fallu rénover des matériels afin de les adapter aux caméras d'aujourd'hui ! Prévu à 44 le budget grimpe à 54 millions de dollars ce qui reste bien en deça de ses deux précédents films qui sontà la fois ses plus gris budgets et ses plus gros succès au box-office. La version originale a une durée de 167mn, avec une version longue de 187mn et plus tard sera montée une version télévisée en 4 épisodes pour une durée totale de 192mn mais qui reste inédite. Le film est interdit au moins de 17 ans non accompagné aux Etats-Unis, interdit au moins de 12 ans en France mais au moins de 16 ans pour la télévision...
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Quelques années après la guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth escorte sa prisonnière Daisy Domergue jusqu'au village de Red Rock au Wyoming. Lors de l'escale, ils rencontrent un ancien soldat de l'Union devenu également chasseur de primes, puis le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard ils sont rejoint par plusieurs autres personnes, celui qui remplace le propriétaire du relais, le bourreau de Red Rock, un cowboy et un général confédéré. Coincés par la tempête les 9 voyageurs vont devoir cohabiter mais les tensions vont monter très vite... Le major Marquis Warren dit le Chasseur de Primes est incarné par Samuel L. Jackson vu la même année dans "Kingsman : Services Secrets" (2015) de Matthew Vaughn, qui retrouve là pour la 7ème et dernière fois Tarantino depuis "True Romance" (1993) de Tony Scott et retrouve donc plusieurs de ses camarades fidèles au réalisateur. Citons ensuite la prisonnière Daisy Domergue interprétée par Jennifer Jason Leigh révélée avec les films "La Chair et le Sang" (1985) de Paul Verhoeven et "Hitcher" (1986) de Robert Harmon, les années 2000 sont un léger déclin pour l'actrice quand elle est choisit par Tarantino mais ça lui permet de retrouver après "Backdraft" (1991) de Ron Howard son partenaire Kurt Russell vu la même année dans un autre western "Bone Tomahawk" (2015) de S. Craig Zahler, il retrouve Tarantino après "Boulevard de la Mort" (2007) et le retrouvera encore dans "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) à l'instar de quatre autres acteurs avec le bourreau "Little Man" Tim Roth qui retrouve son réalisateur de "Reservoir Dogs" (1992) et "Pulp Fiction" (1994) retrouvant aussi après le premier le cowboy Michael Madsen qui était aussi dans "Kill Bill" (2003-2004), Walton Goggins qui retrouve également le réalisateur après "Django Unchained" (2012) à l'instar de Samuel L. Jackon et le Général confédéré Bruce Dern. Citons ensuite le cocher James Parks qui retrouve ses partenaires de "Kill Bill" (2003-2004), puis "Boulevard de la Mort" (2007) et "Django Unchained" (2009) dans lesquels jouait Zoë Bell, puis Dana Gourrier (uniquement dans "Django..."), Lee Horsley connu pour avoir été lhéros dela série TV "Matt Houston" (1982-1985), puis les nouveaux venus Channing Tatum vu la même année dans "Jupiter : le Destin de l'Univers" (2015) des Wachowski et "Magic Mike XXL" (2015) de Steven Soderbergh et retrouve après "G.I. Joe : Conspiration" (2013) de Jon M. Chu son partenaire Demian Bichir qui retrouve Walton Goggins après "Machete Kills" (2013) de Robert Rodriguez et n'oublions pas Tarantino lui-même qui s'offre son caméo vocal en tant que narrateur...
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Au casting Tarantino fait appel essentiellement avec ses fidèles, Tarantino a toujours su rappeler aux "Has Been" qu'ils ne sont pas morts - on pense évidemment surtout à la saloparde Jennifer Jason Leigh s'impose aussi dans un rôle (et un film) dont elle n'avait pas connu une telle ampleur depuis une dizaine d'années. Notons que si l'histoire se déroule dans le Wyoming, le tournage a eu lieu dans les magnifiques décors du Colorado et plus précisément sur le secteur de la ville de Telluride. Des décors qui en imposent, absolument sublimes, qui ouvrent le film avant une première scène icônique d'un calvaire sous la neige alors qu'une diligence arrive et que l'angle s'élargit sur la montagne enneigée. On pense très fort au chef d'oeuvre "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth. Durant le film on pensera aussi par exemple à "Rio Bravo" (1959) de Howard Hawks, "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth, "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford, "Vorace" (1998) de Antonia Bird et même "The Thing" (1982) de John Carpenter. Niveau référence il y a aussi ses clins d'oeil généalogiques, entre Tim "Little Man" Roth serait ainsi l'aïeul de B.J. "Little Man" Novak dans "Inglourious Basterds" (2009).
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QT construit un récit découpé en plusieurs actes et en huis clos. 2h47 d'un western qui revisite une énième fois ses références multiples. S'il y a plusieurs actes (6) le film prend une vraie tournure au 4ème. La première moitié on voit les personnages s'installer, faire connaissance, s'imposer aux autres ou non ou peut-être (!), et à nous spectateurs de commencer à faire notre opinion sur les uns et les autres. Au 4ème acte la tension monte d'un cran avec une petit voix Off qui s'incruste comme un intermède, sur le coup surprenant mais qui au final permet de casser le rythme de croisière. Le jeu de massacre débute fort et ne vas plus s'arrêter. La violence tarantinesque fait effet et rejoint celle d'un "Reservoir Dogs" (1992) dont certains y voient même une variation transposé au far-west. , entre délire roublard et bavard des protagonistes et le déchainement de haine et d'appât du gain. QT arrive à mettre en pièce un huis clos où tous les personnages sont les pires salauds qui soient tout en évitant l'antipathie. Malheureusement, malgré son ambition et son incroyable envie de renouveau cette fois QT n'atteint pas les sommets tant attendus. La faute à quelques détails qu'on qualifiera de maladroits. Par exemple le premier mort clos un acte, mais on reste étonné et même abasourdi qu'un des personnages ne réagisse pas de façon réflexe à ce meurtre ?! Pas très cohérent au vu des quelques minutes précédentes. Puis on se demande comment la bande sait que la diligence arrive à cet arrêt alors que ce n'était pas prévu ?! À l'instar de la "cagoule comique" malvenue dans "Django Unchained" qui casse un peu la qualité du film ce "manque" reste un oubli trop décevant. Ensuite le film est trop scindé en deux alors que les différents actes auraient dû éviter ça. D'un grande densité, semé de trouvailles et d'idées de mise en scène QT signe encore une fois un grand film... Mais on confirme aussi que son huitième film est bien le 8ème !
Note :




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