Les 8 Salopards (2016) de Quentin Tarantino

par Selenie  -  7 Janvier 2016, 07:35  -  #Critiques de films

8ème film de Quentin Tarantino ("Kill Bill 1 et 2" compte pour 1 seul, et co-réalisation notamment avec son ami Roberto Rodriguez non inclus), second western également bien que QT insiste assez pour signifier qu'il s'agit avant tout de son premier "film d'horreur". En effet, jusqu'ici le réalisateur avait visité plusieurs style et le retour au far west après "Django Unchained" (2013) pouvait être surprenant. Après ses déboires de janvier 2014 où le scénario avait fuité; Tarantino a remanié plusieurs fois son scénario allant jusqu'à prévoir d'en faire une pièce de théâtre. Si cela n'a pas été le cas QT est resté néanmoins sur une base similaire pour en fait un western découpé en plusieurs actes et en huis clos. 2h47 d'un western qui reviste une énième fois ses références multiples. Durant le film on pensera par exemple à "Rio Bravo" (1959) de Howard Hawks, "La Chevauchée des Bannis" (1959) de André De Toth, "La Chevauchée Fantastique" (1939) de John Ford, "Vorace" (1998) de Antonia Bird et même "The Thing" (1982) de John Carpenter... Toujours pour faire simple Tarantino embauche Morricone pour la musique, ce dernier n'ayant pas composé pour un western depuis "On m'appelle Malabar" (1981) de Michele Lupo. Il décide aussi de tourner en système Ultra Panavision 70mm, qui n'avait pas été utilisé depuis le film "Khartoum" (1966) de Basil Dearden. Conséquence : il a fallu rénover des matériels afin de les adapter aux caméras d'aujourd'hui ! Si l'histoire se déroule dans le Wyoming, le tournage a eu lieu dans les magnifiques décors du Colorado...

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Des décors qui en imposent, absolument sublimes, qui ouvrent le film avant une première scène icônique d'un calvaire sous la neige alors qu'une diligence arrive et que l'angle s'élargit sur la montagne enneigée. D'entrée Tarantino montre qu'il en a encore sous le pied pour notre plus grand plaisir. Au casting Tarantino fait appel essentiellement à des fidèles comme Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Tim Roth, Michael Madsen, Zoe Bell, Walton Goggins... Nouvelle venue : la saloparde Jennifer Jason Leigh s'impose aussi dans un rôle (et un film) dont elle n'avait pas connu une telle ampleur depuis au moins "The Machinist" (2004) de Brad Anderson - Tarantino a toujours su rappeler aux "Has Been" qu'ils ne sont pas morts - Une petite déception pour notre frenchy Denis Ménochet, d'abord prévu et qui est remplacé par Demian Bichir (vu dans "Machete Kills" de Rodriguez) tandis que QT s'offre les services de la star Channing Tatum venu comme une guest star. S'il y a plusieurs actes (7) le film prend une vraie tournure au 4ème. La première moitié on voit les personnages s'installer, faire connaissance, s'imposer aux autres ou non ou peut-être (!), et à nous spectateurs de commencer à faire notre opinion sur les uns et les autres. Au 4ème acte la tension monte d'un cran avec une petit voix Off qui s'incruste comme un intermède, sur le coup surprenant mais qui au final permet de casser le rythme de croisière. Le jeu de massacre débute fort et ne vas plus s'arrêter. La violence tarantinesque fait effet et rejoint celle d'un "Reservoir Dogs" (1992), entre délire roublard et bavard des protagonistes et le déchainement de haine et d'appât du gain. QT arrive à mettre en pièce un huis clos où tous les personnages sont les pires salauds qui soient tout en évitant l'antipathie. Malheureusement, malgré son ambition et son incroyable envie de renouveau cette fois QT n'atteint pas les sommets tant attendus. La faute à quelques détails qu'on qualifiera de maladroits. Par exemple le premier mort clos un acte, mais on reste étonné et même abasourdi qu'un des personnages ne réagisse pas de façon réflexe à ce meurtre ?! Pas très cohérent au vu des quelques minutes précédentes. À l'instar de la "cagoule comique" malvenue dans "Django Unchained" qui casse un peu la qualité du film ce "manque" reste un oubli trop décevant. Ensuite le film est trop scindé en deux alors que les différents actes auraient dû éviter ça. D'un grande densité, semé de trouvailles et d'idées de mise en scène QT signe encore une fois un grand film... Mais on confirme aussi que son huitième film est bien le 8ème !

 

Note :             

 

17/20
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J'ai adoré ce film et avec le recul je comprends de plus en plus le sens et l'utilité ses longueurs et son lot de dialogues qui ont pu saouler de nombreux spectateurs. Il s'agit pour moi d'un film très réussi sur le mensonge, la manipulation, tout en mêlant habilement les genres (on pense au policier, voire même à l'horreur et évidemment au western). Au-delà d'une superbe mise en scène, j'ai adoré le casting et la BO de Morricone.
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