The Danish Girl (2016) de Tom Hooper
Après "The Damned United" (2009), "Le Discours d'un Roi" (2011) et "Les Misérables" (2013,) le réalisateur Tom Hooper semble avoir trouvé son style et replonge une nouvelle fois dans l'Histoire en adaptant la vie fascinante et tragique du peintre Einar Wegener/Lili Elbe. Si le cinéaste se penche avant tout sur un biopic, il s'est aussi servi du livre "The Danish Girl" (2000) de David Ebershoff. Ce qui est assez déroutant puisque ce livre est très romancé et n'a donc plus grand chose à voir avce un biopic honnête et objectif. Par exemple, dans le livre, l'épouse Gerda est lesbienne, préfère Lili à Einar et à eux deux forment un couple libre... Ce qui est très éloigné de la réalité. Heureusement sur ce point le réalisateur a préféré rester au plus près des faits. Pour un tel rôle il fallait un acteur d'exception, le choix du réalisateur se porta presque logiquement Eddie Redmayne, acteur qui a déjà tourné avec Hooper sur "Les Misérables" et surtout qui a mérité son Oscar pour sa performance dans l'excellent "Une Merveilleuse histoire du temps" (2015) de James Marsh. D'ailleurs, pour sa transformation en Lili, l'acteur a pu retravailler avec son maquilleur Jan Sewell.
Le cinéaste a cherché à être le plus précis possible et notamment dans la reconstitution de la clinique et de la salle de chirurgie reproduites à l'identique grâce aux archives. Pour les costumes, quelques libertés ont été prises mais l'esprit y est. Outre Eddie Redmayne pour Einear/Lili, le choix de l'actrice pour l'épouse Gerda s'est porté sur Alicia Vikander qui offre une performance merveilleuse. Par contre ces deux acteurs sont nettement plus jeunes que le véritable couple (en 1926 ils avaient déjà plus de 40 ans !). L'histoire se déroule de 1926 à 1931, mais le scénario ne fait pas cas d'une telle chronologie. Loin d'être un biopic très pointu, le réalisateur s'attache donc surtout à décrire le lien qui unit Einar/Lili à Gerda et, plus que la transformation physique, on reste ému par les difficultés à s'aimer dans un tel conflit d'intérêt émotionnel. Le scénario est écrit de telle façon que les ellipses ne soient que secondaires et donc quasi invisibles pour un rythme plus soutenu et une tension tragique toujours maintenue, sans jamais tomber dans le pathos. Si les seconds rôles ont leur importance (et joués par des acteurs solides et hétéroclytes comme Ben Wishaw, Amber Heard, Sebastian Koch, Matthias Schoenaerts), le fil conducteur reste focalisé sur le lien intangible entre Einar/Lili et Gerda. Historiquement c'est sans doute trop léger, mais humainement le film nous touche. Il manque un petit quelque chose (une révélation moins soudaine ?! Une importance plus forte des convenances sociales ?!) pour que le film soit d'un niveau plus élevé encore. Néanmoins ça reste un drame qui foudroie, les performances de Redmayne et Vikander n'y sont assurément pas pour rien.
Note :