Mektoub my Love : Canto Uno (2018) de Abdelatif Kechiche.

par Selenie  -  22 Mars 2018, 18:25  -  #Critiques de films

Le réalisateur qui s'est fait connaitre avec "La Faute à Voltaire" (2001) revient avec une adaptation très libre du roman autobiographique "La Blessure, la Vraie" (2011) de François Bégaudeau. Ce dernier est connu aussi et surtout pour être l'acteur-scénariste du film "Entre les Murs" (2008) de Laurent Cantet, Palme d'Or du 61ème Festival de Cannes, et il avait déclaré son admiration pour le travail de Kechiche et son souhait de le voir aux commandes de l'adaptation de son livre. Quelques temps après c'est chose faite, néanmoins il serait intéressant de connaitre son avis puisque le cinéaste franco-tunisien a fait des choix très libres quant à la transposition du roman. En effet, par exemple le roman se situe en 1986 en Vendée, François a 15 ans et a des idées communistes et il est littéraire, le film lui se déroule en 1994 à Sète, Amin a plutôt 22-23 ans et après médecine il tente de percer au cinéma... Bref plus grand chose à voir... Abdellatif Kechiche co-écrit le scénario avec Ghalia Lacroix, actrice dans son premier film elle est devenue sa co-scénariste sur  "L'Esquive" (2004) et "La Graine et le Mulet" (2007). Pour info, "Mektoub" est un terme arabe qui exprime le fatalisme. Au casting, le cinéaste a choisi d'abord deux acteurs pros qu'il connait bien avec Selim Kechiouche déjà dans "La Vie d'Adèle" (2013) et Hafsia Herzi sa révélation de "La Graine et le Mulet". Le reste du casting est composé de jeunes débutants inconnus dont le héros Shaïn Boumedine ainsi que les trois belles Ophélie Bau, Alexia Chardard et Lou Luttiau...

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Autant le préciser de suite, la première force du cinéaste est bel et bien de savoir dénicher des perles rares (Sara Forestier, Adèle Exarchopoulos, Harfsia Herzi...), il confirme avec ce film une fois de plus et, surtout, il confirme un excellent don pour la direction d'acteurs malgré une réputation peu flatteuse sur les tournages. En tous cas il a su tirer le meilleur de ses interprètes, à tel point que, à l'instar des précédentes, on risque fort de revoir ses jeunes actrices et acteurs... Comme à son habitude, le cinéaste signe un film fleuve de près de 03h où on est devant un groupe de jeunes gens (pas que !) qui passent leur vacances d'été entre plage, flirt et dance floor. Dit comme ça c'est un peu court pour 03h de film et... C'est pourtant bel et bien ce qui se passe ! C'est assez inouï de réaliser un film si long pour si peu et dire qu'un suite est déjà prévue !... Le film débute à la sauce "Adèle" avec une scène de sexe hétéro cette fois, assez longue (quelle endurance ce Tony !) mais moins ridicule que chez Adèle. Si cette scène est la plus crue du film il n'en demeure pas moins que Kechiche confirme son goût pour les fesses callipyges (une pensée pour "Vénus Noire" en 2010) et un certain voyeurisme. Les jeunes femmes sont filmés sous tous les angles avec une préférence pour un maximum de bikinis, dont Ophélie Bau qui a, en plus de la scène d'entrée, les honneurs du plus grand nombre de plans sur son arrière-train. Bref, trois heures pour se rincer l’œil sur les très jolis corps des actrices. Non pas que ce soit douloureux ou laid mais on se pose tout de même la question du pourquoi du comment, en quoi est-ce nécessaire d'appuyer autant sur ces séquences toutes en longueurs et sans utilité scénaristique ?!?!

Trois heures de film, mais si on note, entre autre exemples, 10mn de sexe, 10mn devant des moutons sans dialogues ni évolution du récit, 15mn en discothèque où il ne se passe pas grand chose à part des jeunes qui dansent et s'amusent... Effectivement tout le monde peut étirer la durée d'un film ! En ce qui concerne les personnages, rien de bien folichon, des jeunes filles et femmes en vacances qui veulent avant tout s'amuser et ce, comme les mecs. A priori, pour Kechiche s'amuser et profiter c'est donc de dire oui sans hésiter au premier mec qui te drague. Que font-elles dans la vie, leurs rêves, etc... On s'en balance, tant qu'elles se trémoussent un maximum. Clichés et poncifs en prime. D'ailleurs, les mamans, plus anciennes participent à leur manière aux commérages "très girly". Le seul qui a un traitement de faveur reste Amin, et encore, ex-étudiant en médecine et futur scénariste semble-t-il, il est passionné de photo mais le seul moment où il semble s'y intéresser c'est une nuit devant des brebis. Présenté à la 74ème Mostra de Venise, le film a divisé les spectateurs entre applaudissements et sifflets, tandis qu'on aura une pensée pour les féministes qui risquent de tiquer un peu. Néanmoins, il manque au film une réelle dramaturgie (on est en vacances et on passe notre temps à draguer et à coucher c'est un peu court !), et donc un intérêt autre que de se rincer l’œil avant l'été. Par contre de belles révélations, un magnifique travail de direction d'acteurs, une jolie mise en scène quand ce n'est pas trop dans tendancieux systématique. Une histoire trop plate, trop vaine pour convaincre pleinement. Dommage... En attendant peut-être, une suite plus dense qui donnera du corps à celui-ci. Mais sur trois heures ?!...

 

Note :               

09/20

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