Pacific Rim Uprising (2018) de Steven S. DeKnight.
Suite du très bon "Pacific Rim" (2013) de Guillermo Del Toro qui était dans les cartons dès 2012 et maintenu malgré un score au box-office mitigé avec 411 millions de dollars pour un budget de 200 ; honorable mais ça reste en deçà des prévisions studios surtout avec cet investissement. Mais au début c'est bel et bien Del Toro qui restait aux commandes avant que ce dernier ne s'attache à son prochain "La Forme de l'Eau" (2018) et futur lauréat aux Oscars 2018. Finalement le projet devient donc officiellement le premier long métrage de Steven S. DeKnight, formé semble-t-il par Joss Whedon créateur de "Buffy contre les Vampires" et surtout réalisateur de "Avengers" (2012). DeKnight n'a jusqu'ici officié que sur le petit écran en étant scénariste notamment sur les séries TV "Smallville" et "Angel" et devenu Créateur et Showrunner de la série TV "Spartacus" (2010-2013)... Bref, outre Whedon rien de bien prometteur. Il co-écrit donc le scénario à plusieurs mains (5 scénaristes !) avec Emily Carmichael ("Jurassic World 3"), Kira Snyder (essentiellement des séries TV), T.S. Nowlin (la trilogie "Le Labyrinthe" de Wes Ball) et Derek Connolly qui a repris le scénario de "Kong : Skull Island" et co-écrit "Jurassic World" (2015) de Colin Trevorrow. Rien pour donner confiance entre les 5 années d'écritures et de réécritures et les divers scénaristes d'horizons bien différents.
Résultat, une suite qui se déroule 10 ans après le premier opus, avec un fils de héros, quelques persos de retour et une nouvelle équipe de jeunes. Le héros génétiquement pourvu est dévolu à John Boyega (également co-producteur) révélation des derniers "Star Wars" (2015-2017) et vu dans "Detroit" (2017) de Kathryn Bigelow, il est associé à Scott Eastwood qui tente d'exister depuis longtemps et qui tâtonne encore malgré (enfin) un rôle principal dans le médiocre "Overdrive" (2017) de Antonio Negret. On voit le retour de trois personnages du premier film avec le duo scientifique Burn Gorman -Charlie Day et Rinko Kikuchi. Enfin, deux nouveaux personnages centraux incarnés par la sublime Jing Tian, star chinoise internationalement reconnue depuis "La Grande Muraille" (2017) de Zhang Yimou et "Kong : Skull Island" (2017) de Jordan Vogt-Roberts, ainsi qu'un rôle de premier plan pour la toute jeune et inconnue Cailee Spaeny qui est une vraie révélation (on la reverra sous peu...). Le prologue a pour but de nous présenter le fils du héros de la première guerre, devenu une sorte de voleur égoïste mais qu'on sait tous attaché à son destin ("Star Trek" en 2009 de J.J. Abrams avec la capitaine Kirk...), ainsi qu'une petite mignonne têtue comme une bourrique mais intelligente, mécano de génie on ne sait trop comment et évidemment une graine d'héroïne. Si sur le fond on a rien contre ce prologue de présentation, par contre, la forme que ça prend donne déjà une idée... On est nettement dans un style à la Michael Bay plutôt que dans un esprit Del Torien. Les choses sont dites. Le scénario n'a rien de honteux dans sa ligne directrice mais dans le détail il ne tient pas la route d'un minimum de cohérence.
Alors que les Kaïjus n'attaquent que la nuit, ici ils ne le font que de jour suite à une décision du réalisateur. Pourquoi pas ?! Mais il ne s'agit ni plus ni moins d'un caprice puisque jamais on ne nous explique ce fait. Ensuite on oublie la dimension psychologique du premier qui se résume là à une facile et courte séquence en flash-back. L'équipe de jeunes recrues ressemble à une pub pour Benetton mais on n'en saura jamais plus sur leurs origines ou leurs cultures, on est bel et bien dans une production ricaine. Ensuite, la vraie déception vient des Kaïjus qu'on voit finalement assez peu et réunis en un seul ce qui limite foncièrement l'ambition visuelle et la densité des scènes d'action. Même sur les combats on s'ennuie donc un peu. Del Toro avait dit en 2014 dans le Wall Street Journal : "Les deux films fonctionnent de manière indépendante. Ils sont très différents, mais apporteront le même gigantesque et grisant spectacle mais la teneur des deux films, leur sens, sera différent."... On sent Del Toro le producteur très enjoué... Et il n'aura malheureusement pas tort. Pas de filiation ni dans l'esprit dans la cohérence avec une porte ouverte sur de la SF extraterrestre pure plutôt que de jouer sur un mystère intra-terrien.
Note :