La Communion (2020) de Jan Komasa

par Selenie  -  6 Mars 2020, 16:28  -  #Critiques de films

Co-production franco-polonaise signée du réalisateur-scénariste polonais Jan Komasa auteur de plusieurs séries TV et documentaires, mais aussi de longs métrages que sont le thriller "La Chambre des Suicidés" (2011) et le film de guerre "Insurrection" (2015). Pour ce nouveaux projets le cinéaste s'inspire d'un fait réel, à savoir un jeune polonais qui a réussi à se faire passer pour un prêtre pendant trois mois et qui s'est révélé plus efficace que son "vrai" prédécesseur. Le cinéaste précise : "C'est ça qui est intéressant, c'était quelqu'un qui n'avait pas baigné dansl'Eglise et qui ne se préoccupait pas du dogme officiel, mais les gens étaient satisfaits de son travail."...

Komasa co-signe le scénario avec Mateusz Pacewicz, qui avait co-signé le film "Heat" (2017) avec Agata Trzebuchowska. Les deux auteurs ont donc repris le fait divers mais en y ajoutant toute l'intrigue autour de l'accident qui endeuille le village... Daniel, 20 ans, se découvre une vocation religieuse en prison où il termine sa peine pour meurtre. Le prêtre de la prison lui trouve une place dans une menuiserie alors que sa condamnation l'empeĉhe d'entrer au séminaire. Mais arrivé dans le village, grâce à un instant entre quiproquo et chance, il se fait passer pour un prêtre et prend vite la tête de la paroisse... Daniel est incarné par l'inconnu Bartosz Bielenia révélé par la série TV "1983" (2018) siglée Netflix. Le reste du casting est plutôt méconnue, voir inconnue en dehors des frontières polonaises. On peut citer néanmoins Aleksandra Konieczna vue dans "The Last Family" (2018) de Jan P. Matuszynski et surtout Eliza Rycembel vue dans "Les Innocentes" (2016) de Anne Fontaine... Usurper une identité est en soi un thème récurrent au cinéma, mais il faut aussi parfois assurer le travail qui va avec. On peut citer rapidement des films comme "A l'Origine" (2009) de Xavier Giannoli et "The Captain - l'Usurpateur" (2018) de Robert Schwentke. Si on dit que l'habit ne fait pas le moine, il se trouve que parfois si ! Le fait que l'usurpateur soit un repris de justice (et pas pour un petit délit !) nous trace évidemment la voie pour une éventuelle rédemption, son implication dans le drame qui gangrène le village s'annonce d'ores et déjà comme le moyen d'y arriver.

Pourtant dès le début on s'interroge sur Daniel, car si il est volontaire et désireux d'entrer au séminaire il devrait être déjà en voie de rédemption, il devrait déjà avoir changé hors il n'hésite pas une seconde pour continuer certains méfaits plus ou moins graves, hors ou dans son centre de détention. Il est donc difficile de croire à sa réelle envie de devenir prêtre. On pense avant tout à un première issue pour pouvoir se réinsérer, et pourquoi pas ?! Néanmoins, vu l'idée du réalisateur-scénariste, le récit implique de croire à sa réelle envie d'entrer en prêtrise ce qui est plus que discutable. Donc plus que l'envie de ce jeune homme de devenir prêtre, plus que son éventuelle rédemption, c'est plutôt le cheminement, le pourquoi du comment, la naïveté des gens, tout ce qui mène ce jeune à sa position dominante de curé de la paroisse qui est intéressante et qui sauve le film. Un jeune homme paumé, se voit offrir l'opportunité de changer de vie comme il l'avait souhaité, et en profite pour assumer le côté bon samaritain de sa nouvelle vocation. Mais on a bien du mal à comprendre les tenants et aboutissants autour de l'accident, un accident banal dont les conséquences sont un peu tirées par les cheveux et dont on a bien du mal à comprendre les rancoeurs. Tout repose donc essentiellement sur l'évolution de Daniel sur lequel on se pose continuellement des questions : Est-ce vraiment une vocation ?! Est-il sur le chemin de la rédemption ?! Croit-il vraimlent en Dieu ?! En prime, la performance habitée du jeune acteur Bartosz Bielenia qui s'est beaucoup documenté en amont dont la lecture des Encycliques signés Jean-Paul II et le Pape François. On apprécie aussi la mise en scène, judicieusement choisie, entre la caméra à l'épaule en prison (début et fin du film) et une image plus cadré et plus statique dans le village pour appuyer l'autarcie de ce village renfermé sur lui-même et marquer les contrastes enfermement/tension (caméra à l'épaule) et liberté/autarcie (paroisse). Jan Komasa signe un drame puissant, qui nous interroge et nous bouscule même si c'est un peu bancal sur les liens entre Daniel et ce/ceux qui l'entoure. Un film intéressant à voir et à conseiller.

 

Note :                   

 

15/20

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