Été 85 (2020) de François Ozon

par Selenie  -  17 Juillet 2020, 09:07  -  #Critiques de films

Après le remarqué "Grâce à Dieu" (2018), le retour de François Ozon sur un sujet un peu plus léger, avec une bonne dose de nostalgie adapté librement du roman "La Danse du Coucou" (1982) de Aidan Chambers, livre qui intègre une saga composé de 6 romans entre 1978 et 2005. Le réalisateur-scénariste se souvient : "Il parlait intimement à l'adolescent que j'étais. Le livre est très ludique et inventif par sa langue, sa construction. Il inclut des dessins, des extraits d'articles de presse, des changements de points de vue, des reprises de séquences sous un autre regard. J'avais éprouvé un grand plaisir de lecture et alors que je commençais à réaliser des courts métrages, je m'étais dit : "si un jour je fais un long métrage, mon premier film sera l'adaptation de ce roman" (...) "Les films se font quand ils doivent se faire, cette histoire a eu besoin de mûrir en moi pour que je sache comment la raconter et finalement je suis resté fidèle au roman dans sa structure narrative. Pour le reste, j'ai adapté le contexte de l'histoire à la France, et je l'ai restitué à l'époque où j'ai lu le livre. Dans le film, il y a à la fois la réalité du livre et monsouvenir de ce que j'ai ressenti enle lisant."...

Ainsi on peut remarquer que François Ozon avait déjà abordé quelques paramètres comme la morgue dans "Sous le Sable" (2000), le cimetière dans "Frantz" (2016), relation prof-élève avec "Dans la Maison" (2012) ou le travestissement dans "Une Nouvelle Amie" (2014). Précisons que le film fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes 2020... Eté 1985, Alexis 16 ans est sauvé de la noyade par David 18 ans. Alexis pense avoir trouvé son âme soeur, son meilleur ami mais est-ce que cette amitié durera plus d'un été ?... Les deux ados sont incarnés par deux jeunes espoirs, Félix Lefebvre révélé par "L'Heure de la Sortie" (2019) de Sébastien Marnier et Benjamin Voisin en pleine reconnaissance après "Un Vrai Bonhomme" (2020) de Benjamin Parent et "La Dernière Vie de Simon" (2020) de Léo Karmann. Les mamans respectives sont interprétées par Valeria Bruni-Tedeschi qui retrouve François Ozon après "5x2" (2004) et "Le Temps qui Reste" (2005), puis Isabelle Nanty vie récemment dans "Miss" (2020) de Ruben Alves. Un rôle important revient à Melvil Poupaud qui retrouve également Ozon pour la 4ème fois après "Le Temps qui Reste", "Le Refuge" (2010) et "Grâce à Dieu" (2018). Citons enfin un second rôle joué par Bruno Lochet qui était déjà dans "Potiche" (2010) de Ozon... La jeunesse et le coming out, la question est devenue un thème récurrent au cinéma et abordé de très nombreuses fois avec notamment des films comme "Au Premier Regard" (2014) de Daniel Ribeiro, "Boys" (2015) de Mischa Kamp, "Quand on a 17 ans" (2016) de André Téchiné, "Love, Simon" (2018) de Greg Berlanti et surtout on pense au tout récent "Call Me By Your Name" (2019) de Luca Guadagnino. Si le film reste très fidèle au roman il s'en détache néanmoins sur un paramètre pourtant essentiel, à savoir le pari. Ce pari est dévoilé dès le début dans le roman mais pas dans le film ce qui paraît peut-être incohérent puisque c'est ce qui donne du grain à moudre pour le petit suspens du récit. Ozon instille une sorte d'intrigue policière et pour compenser ce rebondissement il joue avec des flash-backs un peu lourds. Ozon ne juge pas et il tente de raconter une histoire d'amour sans stigmatisation même si on a forcément le coup de la "tapette" et autres petits accrocs d'intolérance.

Une nostalgie s'empare du film, une nostalgie un peu particulière quand on repense à une époque insouciante alors même qu'une terrible tragédie (SIDA) est alors en pleine explosion. Ainsi la musique et la reconstitution semblent idéaliser, comme une image d'épinal ce qui ne manque de paraître aussi un peu trop idyllique. On n'est pas dans le teen movie pur (un a 18 ans et travaille, une a déjà 21 ans), et le "drame criminel" prend sans doute un peu trop le dessus sur entre autre le "désir mortifère" et le rapport à la mort. Mais tout ça reste malgré tout assez passionnant et merveilleusement bien interprété. Le vrai soucis réside surtout dans l'épilogue à la morale complètement fumeuse (inventer ceux qu'on aime et échapper à son histoire ?!?!). Ajouter à plusieurs petits détails plus ou moins gênants et/ou gratuit comme un baiser qui vient d'on ne sait où et à la signification floue, ou encore une mère d'êge mûre qui déshabille une ado de 16 ans qui lui est inconnue ?!?! Sans compter une info télé qui paraît hypersonique quant aux évènements. On constate donc que le film est plein d'idées, que l'histoire est touchante voir même passionnante d'un point de vue psychologique mais traité avec tant de maladresses qu'on n'y adhère pas toujours ou avec difficulté. Ozon signe un film émouvant mais cette fois il n'aura pas trouver le scénario idéal pour transcender cette histoire. Dommage... Note indulgente !

 

Note :                

 

12/20

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