Terrible Jungle (2020) de Hugo Benamozig et David Caviglioni

par Selenie  -  30 Juillet 2020, 08:55  -  #Critiques de films

Premier long métrage du duo, David Caviglioli et Hugo Benamozig qui sont amis depuis l'adolescence. Les deux acolytes expliquent qu'ils ont eu l'idée du film d'après le récit véridique d'un ami anthropologue qui a connu une expérience aussi douloureuse que dangereuse en Bolivie. Les deux cinéastes précisent : "A vrai dire, son histoire était drôle à raconter comme ça, à des amis, autour d'une table, mais elle n'avait rien de comique" (...) "A l'écrit, c'est assez facile de faire ressortir la drôlerie d'une situation noire. C'est plus dur à l'image. Une bagarre ridicule qui dégénère en ultra-violence, c'est amusant quand tu le racontes. Mais quand tu montres un type avec une machette dans le ventre, ça peut juste être glaçant. Il a fallu trouver le moyen de rendre tout ça drôle."... Les deux réalisateurs-scénaristes signent donc leur premier film, mais seul Benamozig est du métier ayant travailler notamment sur la série TV "Platane" (2013) et après avoir réalisé deux courts métrages, "Petit Bonhomme" (2013) et "Les Aoûtiens" (2014), tandis que Caviglioli est journaliste...

Elliot, anthropologue comme sa prestigieuse maman, décide de ne pas rejoindre sa mère sur une mission mais choisit plutôt d'aller étudier lepeuple Otopis en Amazonie. Mais inquiète de ne plus avoir de nouvelles, la maman décide de prendre les choses en main auprès de la gendarmerie pour retrouver son fils... Le fils est incarné par Vincent Dedienne, jeune comédien révélé en 2013 en devenant lauréat du Montreux Comedy Casting, puis le 3ème artiste produit par Laurent Ruquier après Michaël Grégorio et Gaspard Proust. Il s'agit de son premier rôle principal après l'avoir aperçu notamment dans "La Fête des Mères" (2018) de Marie-Castille Mention-Schaar et "Premières Vacances" (2019) de Patrick Cassir. La mère est jouée par Catherine Deneuve vue récemment dans "Fête de Famille" (2019) de Cédric Khan et "La Vérité" (2019) de Hirokazu Kore-Eda. Un rôle central est jouée par Alice Belaïdi vue récemment dans "Victor et Célia" (2019) de Pierre Jolivet, et le chef de la gendarmerie est interprétée par Jonathan Cohen vu récemment dans "Tout Simplement Noir" (2020) de et avec Jean-Pascal Zadi, Cohen retrouve ainsi Vincent Dedienne après "Premières Vacances" et Alice Belaïdi après "Budapest" (2018) de Xavier Gens... A partir d'une histoire vraie qui aurait pu être encore plus tragique les deux réalisateurs en ont extrait la dimension drôle donc, partant du principe qu'on peut toujours en rire, surtout après ! D'ailleurs le titre du film y fait écho, fait référence à la célèbre chanson de Henri Salvador : "il a une fausse dureté, une violence inoffensive, un peu carton-pâte, comme dans un conte." précise David Caviglioli.

Dès la première scène le ton est donné, partant du principe que le ridicule ne tue pas tout en instaurant un premier degré systématique. L'humour du film réside donc entre le décalage des situations cocasses et/ou absurdes et les actions et réactions premier degré des protagonistes. La plupart du temps c'est drôle, voir amusant sans marteler ou insister à l'exception de 2-3 passages. Seuls les gendarmes frôlent le clownesque, les autres sont dans une normalité qui se confronte à des situations extraordinaires qui nous amènent dans une aventure qui n'est pas commune. Ainsi Elliott se situe en un Tintin pied tendre. Le scénario est plutôt bien ficelé, il est même politiquement incorrect sur le fond, dénué de morale, en celà les deux cinéastes sont restés judicieusement sur la ligne comique jusqu'à ce dernier rictus embarassé de Elliott. Si les situations sont souvent absurdes elles ne sont jamais burlesques, la nuance crée une fantaisie plaisante et rafraichissante. Le duo de réalisateurs-scénaristes signe un premier film original et inventif, un bon moment auquel il manque peu de choses pour être encore plus piquant.

 

Note :                

 

13/20

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