Sea Fever (2020) de Neasa Hardiman
Il s'agit du premier long métrage de fiction de la cinéaste irlandaise Neasa Hardiman qui a pu se lancer après avoir écrit son scénario qui a assez plu pour obtenir le budget nécessaire. La cinéaste avait jusque là surtout réalisé des courts et documentaires avant de travailler essentiellement pour des séries TV, la plupart inconnues chez nous. Elle décrit son projet "comme portant sur la confiance, l'interdépendance et la croyance". On remarquera subrepticement que parmi les producteurs il y a ceux qui étaient derrière l'excellent film d'horreur français "Grave" (2017) de Julia Ducournau... Siobhan, étudiante en science introvertie intègre pour ses études un chalutier dont l'équipage semble parti pour une pêche de la denrière chance, tandis que certains font remarquer à Siobhan que les rousses portent malheur sur un bateau. Peu de temps après, une forme de vie sous-marine semble infectée de façon inconnue le navire et son équipage...
Les deux capitaines du chalutier sont incarnés par les deux stars du film, Dougray Scott acteur écossais dont l'heure de gloire a été d'être l'adversaire de Ethan Hunt dans "Mission Impossible II" (2000) de John Woo et qu'on n'avait pas vu depuis "Taken 3" (2014) de Olivier Megaton et "The Rezort" (2015) de Steve Barker, puis surtout Connie Nielsen actrice danoise vyue et revue de "L'Associé du Diable" (1997) de Taylor Hackford à "Justice League" (2017) de Zack Snyder en passant par "Gladiator" (2000) de Ridley Scott et "Brothers" (2004) de Susanne Bier. Mais le rôle principal de l'étudiante est tenu par l'actrice anglaise Hermione Corfield (un petit air de Zoé Kazan) qu'on a déjà pu apercevoir dans des petits rôles ou de simples apparitions dans de nombreux blockbusters comme dans "Mission Impossible : Rogue Nation" (2015) de Christopher McQuarrie ou "Le Roi Arthur : la Légende d"Excalibur" (2017) de Guy Ritchie, qui trouve là son premier rôle principal après déjà un rôle important dans "Massacre au Pensionnat" (2018) de Crispian Mills. Les autres membres de l'équipage sont joués par Olwen Fouéré artiste irlandaise mais de parents bretons français (père Yann Fouéré essayiste et militant breton de première importance) qu'on a pu voir dans "This Must Be the Place" (2011) de Paolo Sorrentino et "Mandy" (2018) de Panos Cosmatos, Jack Hickey aperçu dans "Mary Shelley" (2018) de Haifaa Al Mansour, Ardalan Esmaeli acteur iranien révélé par le film scandinave "The Charmer" (2018) de Milad Alami, puis Elie Bouakaze dans sa première apparition sur un écran... Malgré le coeur à l'ouvrage et les ambitions de la cinéaste cette histoire renvoie forcément aux musts du genre dénommés "Alien le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott, "The Thing" (1982) de John Carpenter et "Abyss" (1989) de James Cameron. On peut aussi citer le très récent "Underwater" (2020) de William Eubank.
Le film a la judicieuse idée d'entrer dans le vif du sujet rapidement, présentant les protagonistes de façon rapide mais suffisant pour comprendre les uns et les autres. Symptomatique du reste, la cinéaste ne prend pas le spectateur pour un abruti et n'est jamais trop explicatif. Le climax anxiogène est bien retranscrit, les scènes "gores" sont solides avec des effets visuels de qualité. Mais malheureusement le film n'est jamais puissant d'un point de vue émotion/frisson. En effet, dans ce genre de film la bestiole a une importance capitale, aussi bien visuellement que dans ses capacités. Ici, le monstre marin reste un mystère de bout en bout, on la voit jamais vraiment, elle n'est finalement jamais très menaçante, et si l'"attaque" est vicieuse la bête n'a rien d'innovante et nous renvoie toujours et encore à ses aînes sur grand écran. Evidemment, ce monstre un peu trop invisible est sûrement dû à un budget limité cela n'empêche que nous attendons toujours la "fièvre des mers". Neasa Hardiman signe un série B de qualité, pas assez pour concurrencer les musts du genre au budget plus confortable, mais l'atmosphère reste bien rendue avec un petit casting qui fait largemenbt le job. Un film qui plaira aux amateurs du genre à défaut d'être inoubliable.
Note :