Bernadette a Disparu (2020) de Richard Linklater
Le dernier film de Richard Linklater est une nouvelle adaptation d'un roman, cette fois il s'agit du roman "Where'd You Go, Bernadette" (2012) de Maria Semple, autrice qui a également un expérience des écrans notamment comme productrice-scénariste de la série TV dont "Dingue de Toi" (1995-1996). Ce bouquin, qui est une comédie épistolaire au point de vue de l'adolescente dont la mère est une architecte agoraphobe, est co-signée de Linklater avec le couple Holly Gent Palmo et Vince Palmo, ces derniers sont les assistants-réalisateurs du cinéaste depuis ses débuts avec "Génération Rebelle" (1993), en passant par la trilogie "Before..." (1995-2013) et "Orson Welles et Moi" (2009) seul parmi la filmo qu'ils ont également écrit...
Architecte autrefois renommée, Bernadette s'est renfermée sur elle-même, devenue misanthrope et agoraphobe sa seule amie est sa fille ado Bee dont elle est très proche. Tandis que sa relation avec son époux s'est peu à peu distandue, il arrive un incident qui pousse son époux à envisager un suivi psychologique, c'est alors que Bernadette disparaît... Bernadette est incarnée par Cate Blanchett devenue un peu rare depuis "Ocean's 8" (2018) de Gary Ross et "La Prophétie de l'Horloge" (2018) de Eli Roth. Son époux est joué par Billy Crudup vu récemment dans "After the Wedding" (2020) de Bart Freundlich. Leur fille est interprétée par une jeune inconnue, Emma Nelson, qu'on reverra sans aucun doute. Une voisine envahissante est jouée par Kristen Wiig remarquée en méchante dans le tout nouveau "Wonder Woman 1984" (2021) de Patti Jenkins, la psy est interprétée par Judy Greer vue dans "Halloween" (2018) de David Gordon Green et "Buffaloed" (2019) de Tanya Wexler, puis retrouve ainsi après "Ant-Man et la Guêpe" (2018) de Peyton Reed son partenaire Laurence Fishburne qui retrouve par là même Richard Linklater avec qui il a tourné "Last Flag Flying : la Dernière Tournée" (2017)... Dès le début on se trouve dans l'archétype de la comédie dramatique bobo et indé, une voix Off omniprésente, une famille riche qui semble tout avoir pour être heureuse, une intrigue qui tient sur un timbre poste mais menée par une actrice qui en impose d'emblée, et cette tentative de mêler sérieux du propos avec une certaine légèreté. On constate par contre qu'on ne retrouve pas le côté épiscolaire du roman, ainsi la somme de documents (mails, lettres,...) est ici occulté pour un scénario plus linéaire avec pour remplacer la voix Off de l'ado.
Le soucis est que le film devient alors particulièrement bavard, tant et si bien que plus le film avance et moins on entend cette voix qui ne raconte finalement pas grand chose d'intéressant. Mais le pire réside dans l'incapacité totale de créer une réelle fantaisie, l'humour (si on peut appeler ça comme ça !) repose sur quelques séquences plus ou moins cocasses (c'est un grand mot !) dus à la personnalité singulière de Bernadette. Certains parleraient volontiers de "personnalité excentrique" alors qu'elle souffre simplement de troubles psychologiques finalement assez peu graves à cet instant du récit. On se moque du passé professionnel qu'on nous place comme un motif majeur (3/4 des travailleurs se mettraient en dépression !), par contre on apprécie plus la dimension de l'inspiration et du rapport de l'artiste à son art, avec de surcroît le choix plutôt inédit et judicieux de l'architecture (le 1er Art rappelons-le) plutôt que la scène, la peinture ou la littérature. On peut y déceler d'autres sujets comme le rapport mère-fille, mais exploité de façon de toute façon trop convenue pour convaincre. On passera sur la disparition, fuite à la vitesse de l'éclair et une ado encore plus vive ! Le film est pourtant plutôt agréable, grâce à Cate Blanchett particulièrement juste dans sa détresse psychologique sans être une "folle dingue", grâce à l'osmose familiale un peu trop idéalisée, et grâce à une dernière partie qui permet un dépaysement salvateur aussi bien pour les protagonistes que pour le spectateur. Malgré tout, on s'attend et on espérait à du champagne, on a droit à un mousseux 1er prix, c'est mieux que rien.
Note :