Le Chant du Danube (1934) de Alfred Hitchcock

par Selenie  -  11 Octobre 2021, 08:34  -  #Critiques de films

1932, dernier film en date avec "Numéro 17" (1932), le réalisateur Alfred Hitchcock est alors en conflit ouvert avec ouvert avec Walter C. Mycroft British International Pictures après 5 ans et 10 films qui se termine logiquement par une rupture. Le cinéaste tente quelques collaborations notamment avec avec le producteur-réalisateur Alexander Korda sans résultat probant. C'est alors que Tom Arnold producteur de théâtre propose alors au cinéaste d'adapter la pièce "Waltzes from Vienna" (1931) de Heinrich Richter, A.M. Wilner et Ernst Marishka. Eloigné de milliers d'années-lumière de ses thématiques habituelles le projet sur un épisode romancé du compositeur Johann Strauss (Tout savoir ICI) est donc vu comme une comédie musicale, la seule et unique dans la filmo du futur maître du suspens. Mais en cette période de vache maigre le réalisateur britannique y voit surtout un moyen de continuer à tourner, à travailler, et donc à expérimenter. Comme depuis quelques films déjà, le scénario est co-écrit en couple, Hitchcock main dans la main avec son épouse Alma Reville, et en collaboration avec Guy Bolton spécialiste des adaptations théâtrales et à qui on doit entre autre les scénarios de films comme "Parade d'Amour" (1929) de Ernst Lubitsch, "Le Passeport Jaune" (1931) de Raoul Walsh, "The Murder Man" (1935) de Tim Whelan ou "Ange" (1936) de Ernst Lubitsch. À noter que c'est lors de ce tournage que Hitchcock a revu Micahel Balcon, le producteur de ses débuts avec "Le Jardin du Plaisir" (1925), et qui va le reprendre sous contrat mais cette fois avec la société Gaumont British ce qui va ouvrir une nouvelle page dans la carrière du cinéaste britannique. Précisons que si le film n'est pas perdu il demeure très rare, existant en DVD depuis 2012 en V.O. sous-titré français amputé de plusieurs séquences pour une durée de 1h16 ; c'est donc la version dont il est question ici... 

Johann Strauss fils joue du violon avec et pour son père mais ce dernier ne l'encourage pas franchement à composer et à s'émanciper artistiquement. Le fils donne des cours à Rasi, la fille du pâtissier à qui il dédie ses chansons. Mais c'ets sa rencontre avec la comtesse qui le pousse à composer, tandis qu'elle complote dans le dos du père pour que le Johann fils puisse présentée sa nouvelle oeuvre, le Beau Danube Bleu, devant un public... Johann Strauss fils est incarné par Esmond Knight qui deviendra par la suite un acteur fétiche des réalisateurs Michael Powell-Emeric Pressburger de "Espionne à Bord" (1940) à "Le Voyeur" (1960) en passant par "Le Narcisse Noir" (1947) ou "Les Chaussons Rouges" (1948), tandis que Strauss père est incarné par Edmund Gwenn qui retrouve Hitchcock après "The Skin Game" (1931) et qu'il retrouvera encore pour "Correspondant 17" (1940) et surtout "Mais qui a tué Harry ?" (1955). La jeune pâtissière est jouée par Jessie Matthews vue dans "Vendredi 13" (1933) et "Toujours Vinght Ans" (1934) tous deux de Victor Saville et qui recroisera Hitchcock dans les coulisses de "Et la Vie Recommence" (1943) film collectif auquel participe rapidement le réalisateur. La comtesse est jouée par Fay Compton qui couvrira plusieurs décénnies de cinéma de "She Stoops to Conquer" (1914) de George Loane Tucker à "La Vierge et le Gitan" (1970) de Christopher Miles en passant par "Othello" (1952) de et avec Orson Welles et "La Maison du Diable" (1963) de Robert Wise. Et enfin citons celui qui interprète le Prince, Frank Vosper vu cette même année dans "Red Ensign" (1934) de Michael Powell, "Le Juif Süss" (1934) de Lothar Mendes avant de retrouver Hitchcock aussitôt après dans "L'Homme qui en savait trop" (1934)... Si on peut s'interroger sur le fait que le réalisateur se soit intéressé à cette opérette qui raconte de façon romancée les origines de la célèbre valse, mais Hitchcock explique lui-même son choix : "Le Chant du Danube Bleu m'a offert de nombreuses occasions de mettre en oeuvre mes idées sur la relation entre le films et sa musique. Naturellement, chaque scène du film était décrite dans le scénario avant que le tournage ne débute. Mais en plus, les passages musicaux étaient aussi détaillés".

Mais plus tard, le maestro se contredira presque en précisant lors de ses entretiens avec François Truffaut : "un musical sans musique, très bon marché et sans aucun rapport avec (son) travail habituel". Et effectivement si on regarde de plus près on constate que sur ce film la mise en scène est bien moins recherchées que dans ses précédents films, les trouvailles, les idées sont bien moins flagrantes. Il y a bien quelques passages réussis qui sortent du lot comme le plan-séquence des domestiques, le dialogue avec la comtesse ou la judicieuse idée de révéler la valse par petits bouts avant le grand final. Le vrai soucis est que l'histoire est trop peu intéressante car complètement imaginaire et repose sur une romance téléphonée. Le tournage a été parasité par un conflit entre le réalisateur et sa vedette, Jessie Matthews  prenant le réalisateur pour un débutant en matière de romance et ce dernier ne supportant pas ses "grands airs", ce qui a sans doute joué sur le film car on peut noter par exemple le personnage de Rasi/Matthews qui n'a pas l'importance prévu à l'origine. Hitchcock  a soigné le parallèle entre musique et image mais en s'appliquant sur le musique il semble avoir délaissé la mise en scène pure ce qui est dommage car sur ses films précédents ii savait étoffer sa mise en scène pour combler une histoire trop "légère". Au final on est loin d'une comédie musicale, la musique a l'importance d'un simple drame sur un compositeur classique, ni plus ni moins. 

 

Note :            

 

10/20
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