Matrix Revolutions (2003) des frères Wachowski

Après "Matrix" (1999) et "Matrix Reloaded" (2003) qui confirme le succès mondial de la franchise, voici donc l'ultime acte de la trilogie qui a été produit et rouné simultanément avec le "... Reloaded". Nous conseillons fortement de relire les articles des deux précédents films pour en savoir plus ! (Suffit de cliquer sur les titres). Rappelons néanmoins que ces deux derniers films sont produit avec la même équipe du producteur Joel Silver au directeur Photo Bill Pope en passant par le compositeur Don Davis et le responsable des effets spéciaux John Gaeta, sans compter évidemment les interprètes des rôles principaux. Le budget qui est à hauteur d'environ 300 millions de dollars est ainsi environ 4 fois supérieur au premier opus, mais surtout la dernière partie de la trilogie et donc de ce "Matrix Revolutions" qui dure 17mn accapare pour plus de 40 millions de dollars !... Alors que la Matrice envoie ses sentinelles ravagées la cité de Sion, les Rebelles organisent comme ils peuvent la défense pour laisser un maximum de temps à Neo pour qu'il parvienne à assumer ses pouvoirs et sauver Sion. Mais entre temps l'agent Smith a pris son indépendance vis à vis de la Matrix, il n'a jamais été aussi fort et a pu prendre possession de Bane pour infiltrer Sion...

Tourné simultanément avec "Matrix Reloaded" le casting est donc très similaire, on retrouve donc logiquement Neo/Keanu Reeves vu dans "The Watcher" (2000) de Joe Charbanic, "Intuitions" (2000) de Sam Raimi et "Sweet November" (2001) de Pat O'Connor. Trinity/Carrie Ann Moss vue après le succès du premier opus dans "Le Chocolat" (2000) de Lasse Hallström et surtout "Memento" (2000) de Christopher Nolan. Morpheus/Laurence Fishburne a joué dans "Osmosis Jones" (2001) des frères Farrelly et "Mystic River" (2003) de Clint Eastwood. L'agent Smith/Hugo Weaving perce définitivement avec une autre trilogie mythique avec "Le Seigneur des Anneaux" (2001-2003) de Peter Jackson. On retrouve aussi le couple  Le Mérovingien et Perséphone incarné par les frenchies Lambert Wilson à qui on a demandé de forcer son accent français alors qu'il est parfaitement bilingue, puis Monica Bellucci qui retrouve Keanu Reeves après l'avoir "vampirisé" dans "Dracula" (1992) de Francis Ford Coppola. Citons l'actrice Jada Pinkett Smith vue dans des films comme "Menace II Society" (1993) des frères Hugues et "Ali" (2001) de Michael Mann après lequel elle retrouve la jeune Nona Gaye qui avait débuté dans "Les Nuits de Harlem" (1989) de et avec Eddie Murphy. Citons encore Harry Lennix vu dans "Clockers" (1995) de Spike Lee et "Dommage Collateral" (2002) de Andrew Davis, Sing Ngai vu dans "The Blade" (1995) de Tsui Hark et "The Victim" (1999) de Ringo Lam, Harold Perrineau Jr. qui retrouve Laurence Fishburne après "The King of New-York" (1990) de Abel Ferrara, puis Anthony Zerbe vu dans de nombreux grands films de "Luke la Main Froide" (1967) de Stuart Rosenberg à "Jugé Coupable" (1999) de Clint Eastwood en passant par "Dead Zone" (1983) de David Cronenberg et "Permis de Tuer" (1989) de John Glen. Et pour finir citons la remplaçante de Gloria Foster décédée durant le tournage, dans ce troisième film l'Oracle est donc incarné par Mary Alice, cette dernière retrouve Laurence Fishburne qui campait son fils dix ans auparavant dans une pièce de théâtre, et ironie du sort, elle avait été la partenaire de Gloria Foster dans la pièce de Broadway "Having our Say" (1995). Mary Alice est surtout connue via le théâtre mais on peut citer sur grand écran les films "Le Bûcher des Vanités" (1990) de Brian de Palma, "Malcolm X" (1992) de Spike Lee ou "Un Monde Parfait" (1993) de er avec Clint Eastwood... Pour commencer et finir sur ce point, précisons que la métamorphose de l'Oracle reste cohérent et crédible dans l'univers de la Matrice à l'instar d'un agent Smith qui prend possession d'autres corps. À priori les Wachowski avaient d'ailleurs envisagé une telle idée, le destin les y a donc poussé... Le film se bat donc avec les mêmes armes que "Matrix Reloaded"  puisque les deux films ont exactement les mêmes moyens. Sur certains points les réalisateurs-scénaristes magnifient encore et toujours des plans icôniques ou des séquences d'ores et déjà cultes, on pense ainsi au "Scorpion Kick" de Trinity (pour lequel elle s'est entraînée 6 mois !) qu'elle utilise encore ici après avoir fait l'ouverture de "... Reloaded" avec, ou encore et surtout la "réplique" du "Burly Brawl", où comment après le duel Neo vs 100 Smith les cinéastes le réitèrent mais cette fois dans un duel Neo vs Smith en solo mais devant un public composé de centaines de clônes de Smith et sous une pluie diluvienne !

Idée d'autant plus géniale qu'elle est de surcroît complètement logique puisque Smith est devenu beaucoup plus fort, mais aussi plus narcissique. C'est un des points forts de la saga, l'agent Smith est l'atout majeur du film, son évolution n'y est pas pour rien et c'est Hugo Weaving alias Smith qui en parle le mieux : "Mais au fil de son parcours, il se met à éprouver des sentiments humains, comme la colère ou la jalousie. Il développe un odorat, il commence à comprendre vaguement la nature humaine. Et ça l'ennuie profondément, car il prend cela pour une faiblesse. dans Matrix Reloaded, il en vient à accepter ces puissants sentiments, et sans doute, à les apprécier. Son égo s'est affirmé, Smith s'est, littéralement, libéré. Dans Matrix Revolutions, son égo n'a plus de limite : il ne veut plus seulement se libérer de la Matrice, mais carrément devenir le maître du monde. Je l'ai toujours trouvé drôle. L'humour propre au caractère de Larry et Andy s'est retrouvé dans le personnage dès Matrix et je suis ravi qu'ils aient encore accentué ce côté humoristique dans Matrix Reloaded et Matrix Revolutions." Mais outre ces quelques passages dantesques cette fois les Wachowski partent dans un grand capharnaüm, trop dans une guerre à la façon des derniers Terminator ou façon Michael Bay. La subtilité du premier "Matrix", et qui s'était déjà arasé dans "... Reloaded" s'évapore encore plus. On constate toujours de nombreuses maladresses ou de mauvais choix, citons pêle-mêle une agonie particulièrement longue, une valise qui réapparaît illogiquement, un coup de pied qui suffit à tuer trop facilement, le club du Mérovingien interdit aux armes mais pas vraiment, un tir qui donne deux impacts, Neo non connecté l'est la second d'après, les Smith sous la pluie qui se retrouvent soudain bien sec... etc... On constate surtout que la cohérence de l'intrigue et du système autour de la Matrice tangue déjà plus ce qui ne peut que décevoir. D'ailleurs le succès est cette fois beaucoup plus mitigé, le film rapportant "que" 427 millions de dollars au box-office Monde (dont 3,5 millions entrées France) ce qui est une nette baisse comparé à "Matrix Reloaded". En conclusion, une trilogie qui demeure une des plus mythiques du cinéma, mais dont le niveau perd en cohérence au fil des épisodes, ce qui, peu de temps avant un certain "Matrix 4", n'est franchement pas prometteur.

Note :            

Pour info bonus, Note de mon fils de 12 ans :