Films militants ou dénonciateurs : homosexualité

par selenie  -  13 Avril 2009, 12:35  -  #Le cinéma par thèmes

Certains films basent leur promotion sur une idée plus ou moins politique (pour ne pas dire polémique) afin de créer plus un écho sur leur film plutôt que réellement créer un débat. Les Studios savent très bien manipuler le public et font ce qu'on pourrait appeler de la fausse publicité. En effet souvent ils se servent d'un ingrédient disons plus vendeur de l'histoire pour faire mousser le film dont le vrai thème est ailleurs mais moins porteur. En ce début d'année on est servi, je sais, ce n'est pas nouveau tous les ans des dizaines de films utilisent une promo aussi malhonnête.

Ces films font surtout un choix pas toujours assumé, celui du militantisme, ou du moins celui l'oeuvre dénonciatrice. En cette année 2009 certains thèmes ont fait leur trou, l'homosexualité et l'immigration.

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L'homosexualité avec "Country Teacher" de Bohdan Slama et "Harvey Milk" de Gus Van Sant. Deux films dont la promotion repose sur l'homosexualité du héro alors que le thème principal est autre. Pour "Country Teacher" le film parle surtout de solitude et de la difficulté de trouver quelqu'un pour finir sa vie. Pour "Harvey Milk" il s'agit surtout d'un film sur le parcours politique d'un homme, s'il s'agissait vraiment de parler de l'homosexualité du personnage le film retracerait une plus grande partie de sa vie et donc son enfance, sa jeunesse, avec un approfondissement de ses relations intimes.

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Mais l'homosexualité est porteur, ça fait parler, malgré l'évolution des moeurs les médias en font encore un sujet de discorde ou en tous cas de débat houleux donc vendeur ; la promotion est donc plus aisé. L'homosexualité existe depuis toujours au cinéma mais il est vrai que son traitement et sa mise en avant n'évolue pas aussi vite que les moeurs de nos contemporains (même si je ne nie pas qu'il y a encore du chemin à faire). Pourtant les films où il y a un ou une homosexuelle sont souvent qu'un paramètre parmi beaucoup d'autres dans l'histoire mais qu'il a tendance à devenir le thème principal à l'insu de son plein gré. "Philadelphia" (1993) de Jonathan Demme est un film sur le Sida non pas un film sur l'homosexualité. "Loin du Paradis" (2002) de Todd Haynes est moins un film sur l'homosexualité qu'un film sur le racisme et la ségrégation, et donc sur le préjugés en général. "Monster" (2003) est plus un biopic sur une criminelle qu'un biopic sur une lesbienne. "Macadam Cowboy" (1969) de John Schlesinger est plus un film sur deux amis en galère qu'un film sur l'homosexualité. "De l'autre côté" (2007) de Fatih Akin est surtout un film sur l'immigration. "La mauvaise éducation" (2003) de Pedro Almodovar est plus un film sur la pédophilie et la reconstruction de la victime... Des exemples récents mais il y en a tant d'autres.

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Les vrais films sur l'homosexualité, dont les personnages principaux sont homosexuels et dont le thème est leur homosexualité sont déjà plus rares... "Maurice" (1987) de James Ivory, "My beautiful Laundrette" (1985) de Stephen Frears, "Le secret de Brokeback Mountain" (2004) de Ang Lee, "Les filles du botaniste" (2006) de Daï Sijie, "Gazon maudit" (1994) de Josiane Balasko, "La meilleure façon de marcher" (1975) de Claude Miller, "My own private Idaho" (1991) de Gus Van Sant, "Love Sick" (2006) de Tudor Giurgiu, "Comme les autres" (2008) de Vincent Garenq, "Les amitiés particulières" (1964) de Jean Delannoy, "Je te mangerais" (2008) de Sophie Lalay... etc...

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Il ne suffit pas de parler plus ou moins d'homosexualité pour en faire un film réussi. Les films dont l'homosexualité n'est pas vraiment le thème ne peut se prévaloir d'être militant ou dénonciateur. En effet cela veut dire que le fil conducteur du film est autre chose, il ne peut donc se prévaloir d'être un film qui lutte contre l'homophobie. Je me rappelle aussi la polémique lors des Oscars 2006 où "Le secret de Brokeback Moutain" de Ang Lee n'avait pas obtenu la statuette du meilleur film... Comme si de parler d'homosexualité valait l'Oscar de par le courage qu'il a fallu à Ang Lee ! Certains ont crié à l'homophobie de Hollywood !!! On croit rêvé, il suffit pourtant de voir "Collision" (vainqueur donc), "Munich" ou "Good night and good luck" (était mon favori) pour comprendre que ce n'était pas gagné.

Il est temps de parler de l'homosexualité sans arrière pensée, et la solution en incombe aux médias (donc aussi au cinéma) pour ne pas se servir de l'homosexualité comme le truc hors norme qu'on place spécialement en avant afin de pimenter les discussions autours de films dont,  pourtant, l'homosexualité n'a qu'une présence artificielle.


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S
Ce que je veux dire c'est que la présence plus ou moins importante de personnages gays dans certain film est juste un choix commercial (pour l'humour ou pour l'empathie) mais que ce paramètre n'est pas un choix qui soit vraiment nécessaire à l'histoire.
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P
plein de chouettes films cités... mais je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire à la fin : dans la plupart des films, l'évocation de l'homosexualité me semble sincère (notamment brokeback) et pas articficielle ou purement commercial...
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