Foxfire, confessions d'un gang de filles (2013) de Laurent Cantet
Adapté d'un roman de Joyce Carol Oates ce film est également un tournant dans la carrière de Laurent Cantet jusque là réalisateur de film quasi clinique, très réaliste, ancré dans le quotidien du monde du travail à la française. La French intellect touch de Cantet est ici effacé, on pourrait croire que c'est le film d'un américain indépendant. Un gang de filles faut bien avouer que ça nous change des mecs ; malgré les excellents exemples comme "Outsiders" ou dernièrement "Neds". Néanmoins Laurent Cantet n'en oublie par pour autant ses messages politiques et idéalistes.
Ce gang de fille des années 50 est un prémice au féminisme des seventies. Révoltées contre le pouvoir (à divers niveau) des hommes elles décident de prendre leur vie en main, ou du moins, de tenter de survivre en autarcie sans les hommes... Mais très vite il s'avère qu'on suit surtout une seule jeune fille, leader inconstestée que les autres ne font que suivre telle les adeptes d'un gourou d'un club de filles. Etonnant puisqu'il est clair que le message est qu'il faut essayer de vivre ensemble, que l'union fait la force. Les idées (très à gauche et donc utopistes) sont disséminées de façon peu subtile mais Cantet arrive à éviter tout manichéïsme en reconstituant une époque sans tomber dans le bien-pensant facile (le vote pour faire entrer au club une jeune noire par exemple, n'oublions pas que nous sommes en 1955). L'excellence du casting est évidente. Toutes les actrices (sauf une) étant non professionnelles on nepeut que saluer le travail tant elles forment un groupe cohérent et idéal. Omnubilé par l'idéologie sous-jacente qu'il souhaite si ardemment, Laurent Cantet omets d'y mettre la fougue et la rage nécessaire à la révolution féministe de ce petit groupe de femmes. Le choix du flashbacks et donc la fin, reste plus que superflu. En tous cas l'expérience outre-atlantique lui va comme un gant, Laurent Cantet signe un beau et bon film.
Note :