Pierrot le Fou (1965) de Jean-Luc Godard
Jean-Luc Godard est considéré par les critiques comme l'un des plus grands réalisateurs du septième Art, il le sait que trop bien et ce, depuis longtemps. "Pierrot le fou" est symptomatique de ce que son cinéma va devenir, une filmographie aussi prétentieuse et élitiste que son mettre d'oeuvre. Les années 60 offrant les derniers vrais chefs d'oeuvres du cinéaste avant de s'enfermer dans son monde. Car finalement Godard réalise ses films tel un dieu teinté du culte de personnalité, il se fout royalement du public... Titré au début "Le Démon de onze heures" ce film fut interdit au moins de 18 ans pour "anarchisme intellectuel et moral" ce qui doit encore le faire bander le bougre. Il retrouve Belmondo après son coup de maitre "A bout de souffle" (1959) et "Une femme est une femme" (1961) et tourne aussi son 6ème film avec sa muse et sa première femme Anna Karina.
A l'instar de Fritz Lang dans le superbe "Le Mépris" (1963) il s'offre cette fois-ci la présence de Samuel Fuller... Bref Godard se façonne un mythe auquel on doit également cette célèbre tirade "qu'est-ce que je peux faire ? je sais pas quoi faire..." ... Godard signe là ce que certain considère comme le précurseur du road-movie à la Bonnie and Clyde à la différence près que Godard s'en sert surtout pour parsemer son film de pensées pseudo-philosophiques dont finalement on se fout tant ça devient indigeste. Le montage abrupte est symbolique de l'anarchie souhaité, quoique c'est surtout le pouvoir de dire je fais ce que je veux avec mon film qui transparait. Le début est en soi d'un m'en-foutisme éhonté, l'abandon de famille est ainsi simple et facile. Le glamour du couple Bébel-Karina n'est pas pour rien dans ce film pourtant envoûtant, certaines scènes touchent au sublime et les détails foisonnent (omniprésence du bleu-rouge à chaque plan). Si ce film reste magnifique il est aussi le début du déclin, JLG va s'engoncer de plus en plus dans son narcissicisme.
Note :