Calvary (2014) de John Michael McDonagh
Juste après l'excellent "L'Irlandais" (2011) le réalisateur John Michael McDonagh retrouve son acteur Brendan Gleeson pour un film un peu plus austère et dramatique. En effet Brendan Gleeson passe du flic rustre et alcoolo au curé de campagne bon et humaniste. Le réalisateur-scénariste s'est fortement inspiré d'une théorie de la psychiatre Elizabeth Kübler sur la théorie du deuil. Chaque partie du film représente donc les étapes du déni, de la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation. Après la menace de mort reçue en confession le père James tente tant bien que mal de poursuivre son travail auprès de ses ouailles. Le film est construit à l'envers de ce qu'on a l'habitude de voir, soit un crime et l'enquête ensuite. Ici on avance un peu à l'aveugle vers le dénouement, le crime va-t-il être mis à exécution ?
Le père James tente de savoir sans vraiment enquêter à fond. On le suit à travers ce village de la côte irlandaise où il semble que le pauvre curé soit en mission dans le pire village qui soit. Chaque habitant semble habité par un vice, chaque villageois ne peut nous être qu'antipathique (à l'exception d'un vieux solitaire). Il est donc iinconcevable que le seul homme vertueux du village soit justement celui qu'on veut tuer ! Rappelons que le titre "Calvary" (Calvaire en VF) a un double sens et que la souffrance morale prend toute son importance à la fin. Derrière un humour particulièrement cynique le film est plus une évocation de notre époque déshumanisée plutôt qu'un simple brûlot anti-ecclesiastique. Le film peut donc se lire à différent niveau (faute, pardon, individualisme, foi, rédemption, solitude, relation à l'argent...). En prime un casting très hétéroclyte (du béninois Isaach de Bankolé à la québecoise Marie-Josée Croze en passant par la britannique Mary Keilly) magnifiquement servi par un scénario intelligent. Après le côté "citadin" du premier film McDonagh offre la côte sauvage de l'Irlande avec des paysages sublimes qui, parfois, ne sont pas sans rappeler "La Fille de Ryan"... Juste deux petits bémols, un interrogation toujours sans réponse (le chien ?!) et une dernière scène superflue. Néanmoins John Michael McDonagh signe un second long métrage de grande qualité et confirme un talent certain. Vivement la suite.
Note :