Good Kill (2015) de Andrew Niccol
Spécialisé dans le film d'anticipation depuis "Bienvenue à Gattaca" (1997), le réalisateur de "Simone" (2002) et de "Time Out" (2011) (oublions "Les Ames Vagabondes" !) retrouve la face cachée de la guerre après le chef d'oeuvre "Lord of War" (2005)... Andrew Niccol nous plonge dans l'intimité d'un pilote devenu avant tout conducteur de drône. Récemment on a eu droit aux états d'âmes et aux quotidiens de "Démineurs" (2009) de Kathryn Bigelow et de "American Sniper" (2015) de Clint Eastwood. Voici donc venu le temps du soldat de l'ombre, celui qui tue à des milliers de kilomètres d'un avion sans pilote réel aux commandes. Tout l'enjeu de Niccol est de montrer les turpitudes d'un soldat qui se retrouve presque dans l'anti-thèse des deux films précédemment cités.
En effet, nulle trace de syndrôme post-traumatique ici, c'est justement le soucis. Le commandant Egan (Ethan Hawke) n'a justement pas eu le temps d'en être victime et désire retourner au front, plus pour piloter "vraiment" (et casser le train train du boulot-dodo) que pour tuer finalement... On est donc très éloigné du film étendard de Eastwood ou du besoin d'adrénaline de "Démineurs". Outre le soldat en question, Niccol pose la question de la nouvelle guerre moderne, ou comment poser le pour et le contre de l'utilisation des drônes (frappes chirurgicales très économiques en termes de coûts humains et financiers). Comme souvent avec Niccol, le sujet et le fond reste diablement passionnant. La forme n'est pas toujours au rendez-vous, ce qui est assez le cas sur ce film. Trop théorique finalement, trop tendance au débat avec des dialogues qui tournent un peu à vide. Le scénario alterne mission de tirs et soldat qui déprime sans réel engouement, on tourne là aussi un peu en rond. On frôle l'ennui malgré une thématique passionnante et actuelle. Un bon film en soi, il manque sans doute une dramaturgie moins primaire, un traitement des missions plus tendu. Si ce film n'est pas mauvais, loin de là, il reste néanmoins le plus "banal" du réalisateur exception faite de "Les Ames Vagabondes".
Note :