L'Epreuve (2015) de Erik Poppe
Premier film à caractère "international" du réalisateur norvégien qui lui a été inspiré par son passé de photo-reporter dans les années 80, profession qu'il a délaissé pour sa famille... On aurait pu s'attendre à un réel conflit famille-boulot genre post-traumatique façon "Démineurs" ou "American Sniper" mais finalement on remarque très vite qu'il s'agit d'un mélo familial classique. Le photo-reportage en zone de guerre s'avère malheureusement un simple prétexte à une crise familiale qui aurait pu arriver à pratiquement tout le monde. Le photo-reporter est un témoin des atrocités, il n'est pas actif comme le militaire, le médecin bénévole ou l'humanitaire... D'ailleurs sur les 2h du film la partie "action" et reportage ne représente qu'une faible partie (20mn en gros), le reste du temps on est en famille avec les non-dits et les messages subliminaux. En effet, tout le monde sait et connait le problème mais est-ce réparable ?!...
Le vrai gros bonus du film est son interprète principale, Juliette Binoche sublimissime foudroie à chaque apparition, toute dans l'ambiguité de son personnage entre l'amour d'une mère/épouse et la passion viscérale pour son métier. L'actrice (qui a tourné ce film avant "Godzilla et "Sils Maria") prouve une fois de plus qu'elle est sans doute la plus grande de nos actrices encore en activité. Malheureusement on ne sent pas toujours d'osmose avec son partenaire Nikolai Coster-Waldau (qui fait bien plus jeune), pourtant choix judicieux. Lui qui a surtout l'habitude de rôle viril et guerrier se retrouve ici en quasi père au foyer. Le réalisateur Erik Poppe signe là un beau drame familial mais est finalement un peu hors sujet, le métier de photo-reporter étant trop peu montré et sans se démarquer d'autres métiers vis à vis d'une éventuelle crise familiale. Inconfort appuyé aussi par l'"accident" du début, artifice pour accentuer la tragédie qui prouve surtout que le scénario manquait de densité. Heureusement le réalisateur fait montre d'un réel sens de l'image notamment dans de jolies scènes entre les époux (plage, jeu de regards). Force est de constater que Juliette Binoche porte le film à elle seule, une autre actrice et le film aurait sans doute été juste dans une moyenne convenable. Un beau et bon film, qui flirte parfois un peu trop avec le pathos (préparez les mouchoirs !) mais qui ne peut laisser indifférent de part sa thématique.
Note :