La Tête Haute (2015) de Emmanuel Bercot

par Selenie  -  20 Mai 2015, 17:36  -  #Critiques de films

Voici "La Tête Haute" en compétition officielle à Cannes en ce moment pour lequel la réalisatrice (et actrice notamment dans "Mon Roi" de Maïwenn présenté également au Festival de Cannes) retrouve Catherine Deneuve après le décevant "Elle s'en va" (2013)... Emmanuel Bercot nous plonge dans le système judiciaire pour enfant via le destin mouvementé du jeune Malony... né d'une ado qui ne peut et ne pourra jamais l'assumer car trop immature. Un enfant qui n'a pas de chance de naitre dans cette famille en somme, un début dans la vie qui trace déjà un sillon difficile à dévier. On peut se dire évidemment qu'il est né dans un foyer déjà bancal alors qu'une grosse partie des délinquants choisissent leur voie malgré une famille "normale". Un choix qui permet à la réalisatrice de poser l'empathie du spectateur pour son protégé.

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Le style docu-fiction, le côté immersion dans le système judiciaire n'est pas sans rappeler "Polisse" (2011) de Maïwenn. Une plongée sans concession, très réaliste du parcours qu'on impose à l'insu de son plein gré au jeune Malony de ses premières années à ses 18 ans. Le grand bonus du film reste son casting. Outre la grande Catherine, qui interprète avec force et délicatesse la juge pour enfant, on salue les performances de Benoit Magimel, tout en fêlure, Sara Forestier, étonnante en mère paumée et surtout le jeune Rod Paradot, révélation puissante du film et jeune acteur dont c'est le premier film après un casting sauvage. Les performances des interprétations forcent le respect, ouvre aux émotions mais il faut saluer également la merveilleuse alchimie des personnages. Car si Malony est le personnage central, les autres ne sont pas oubliés, et notamment voir surtout les failles psychologiques que doivent surmonter les "acteurs" du système comme les juges et les éducateurs. Emmanuel Bercot signe un film intelligent et juste mais tombe aussi parfois dans une démagogie maladroite en témoigne les divisions dans les critiques sur le fait que ce jeune soit blanc, que l'analphabètisme soit un critère (ne serais-ce pas plutôt la déscolarisation ?!) ou sur le happy end par exemple... Un Happy End d'ailleurs qui n'en est pas un. Qui peut dire qu'après ses 18 ans le jeune Malony va se ressaisir ?! Malgré un film imparfait, à la fois sans surprise sur la trame générale mais tellement juste dans les faits, Emmanuel Bercot réalise un film à la pédagogie qui pousse à la réflexion, sans réponse mais avec un semblant d'espoir... A conseiller.

 

Note :          

 

15/20
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