Microbe et Gasoil (2015) de Michel Gondry
Voici le nouveau film de notre réalisateur français le plus éclectique et le plus international. De "Human Nature" (2001) à "L'écume des jours" (2013) en passant par "Eternal sunshine of the spotless mind" (2004) et "The Green Hornet" (2011) Michel Gondry s'est imposé avec un style propre et très personnel, empreint de poésie, de merveilleux. Il semble que son expérience sur le blockbuster "The Green Hornet" (2011) n'ait pas été concluant et il est revenu à plus personnel avec "L'Ecume des jours" et maintenant avec ce road movie adolescent. On retrouve sa poésie et son amour des inventions à la Geo Trouvetou qu'on a pu voir aussi dans "Soyez sympa rembobinez" ou "La Science dse Rêves" (2007), et on sent le désir de revenir à l'âge de tous les possibles après une incursion des plus réalistes avec "The we and the I" (2012).
Presque autobiographique Michel Gondry s'est remémoré sa jeunesse bobo où ses amis étaient sans doute moins favorisés. Dans le film son alter ego serait donc Microbe. Ce dernier est joué par le jeune Ange Dargent (ça ne s'invente pas !) qu'on a déjà pu apercevoir dans "la nouvelle guerre des boutons" (2011) de Christophe Barratier tandis que Gasoil est interprété par l'inconnu et débutant Theoplie Baquet. Le duo fonctionne à merveille, belle osmose pour ces deux jeunes acteurs vraiment épatants, promis à les revoir... Microbe, fils à sa maman, est souvent pris pour une fille, est plutôt influençable et un petit souffre-douleur alors que le nouveau de l'école, Gasoil, est un débrouillard génie en herbe. Ils vont former un couple d'amis qui décide de fuguer à bord d'une maison à moteur de tondeuse construite de leurs mains. Le véritable soucis est la vraisemblance de cette fugue, police ou parents tout le monde semble s'en foutre royalement... Passée cette interrogation logique on plonge de plaisir et d'envie dans cette aventure à hauteur de gamins, genre Tom Swayer et Huckelberry Finn d'aujourd'hui. Ou, comme l'avoue Gondry lui-même, un "Diabolo Menthe" (1977) de Diane Kurys version gars 2015. Les deux jeunes marginaux de l'école se font leur road-movie brinquebalant leur carlingue entre rencontres cocasses et la volonté de vivre quelque chose qui construira leur future nostalgie. Michel Gondry signe un joli film, sans y ajouter le côté initiatique souvent obligatoire, seulement la grande aventure de deux potes qui osent tout en réfléchissant un minimum à qui ils sont et à ce qu'ils font (moins bêtas que la plupart des autres gamins des autres films du genre). Plein de fantaisie et de tendresse Microbe et Gasoil sont des héros de leur temps et de leur âge. A voir et à conseiller, sans prétention.
Note :