La Ligne Rouge (1998) de Terrence Malick

par Selenie  -  3 Août 2015, 10:46  -  #Critiques de films

Le réalisateur culte de "La Ballade Sauvage" (1973) revient avec ce film 20 ans après "Les Moissons du Ciel" (1978), autant dire que ce retour fut largement médiatisé et rempli d'espérance pour le retour de l'enfant prodigue du cinéma. Terrence Malick décide alors de revenir en adaptant le roman "The Thin Red Line" (1962), soit le récit de la bataille de Guadalcanal pendant la guerre de Pacifique de 39-45. Un matériau d'origine solide et prometteur quand on sait que le romancier en question, James Jones signa d'autres superbes romansdont deux magnifiques adaptations ciné avec "Tant qu'il y aura des hommes" (1952) de fred Zinneman et "Comme un torrent" (1958) de Vincente Minnelli. Un romancier qui a eu droit à un film tiré de sa vie de famille avec "La fille d'un soldat ne pleure jamais" (1999) de James Ivory... Le sujet du film (une bataille charnière dans la reconquête du pacifique) n'a pas aidé le film puisqu'il est sorti seulement quelques mois après "Il faut sauver le soldat Ryan" (1998) de Steven Spielberg. "La Ligne Rouge" a été occulté par le succès public et critique du film de Spielberg qui lui vola d'ailleurs tousl es Oscars malgré ses 7 nominations... Mais là où Spielberg a voulu montrer la violence de la Guerre en racontant une histoire touchante mais invraisemblable dans un style de pur entertainment (mais de grande qualité !) Malick lui livre un poème pamphlétaire d'un lyrisme qui dénote avec la violence inouïe et omniprésente.

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Terrence Malick s'entoure d'un casting prestigieux qui rappelle les génériques historiques de "Le Jour le plus Long" (1962) pour ne citer que lui, qui ve de stars comme John Travolta, Nick Nolte, George Clooney, Woody Harrelson, Sean Penn à des acteurs qui le deviendront par la suite comme Jim Cazievel, Adrien Brody (qui se rappelle du film comme d'"une humiliation publique" après avoir cru être le premier rôle), Jared Leto, John C. Reilly... Un mélange qui permet au réalisateur de créer un petit supense non négligeable, le nom ne romettant en rien la survit du personnage. Outre les acteurs le réalisateur s'est entouré d'une équipe technique de haut vol, il retrouve pour l'occasion (20 ans après !) son directeur artistique Jack Fisk qui a aussi travaillé pour De Palma, et choisit comme directeur Photo John Toll oscarisé deux années de usite pour "Légendes d'automne" (1994) et "Braveheart" (1995). Le scénario, s'il retrace le bataille de Guadalcanal s'intéresse moins au conflit armé qu'à la souffrance et à l'angoisse qui habite les soldats. Malick filme les visages et en profite pour mettre en image les pensées de certains soldats accompagnés ou non par une voix off qui nous plonge dans l'intimité des soldats. Une voix off qui était à l'origine l'unique voix de Billy Bob Thornton (3 heures enregistrées !) mais qui sera finalement coupé pour mettre à la p lace les voix Off des soldats eux-mêmes ; un choix judicieux qui permet d'éviter lassitude et personnalisation d'unseul et même individu. Moins conventionnel que "... Le soldat Ryan" Malick passe de scènes intimes, poétiques voir contemplatives (matérialisant la dernière "lumière" ou imposant la nature omniprésente malgré nous) au scènes de combats inévitables, autant pour nous que pour les militaires. Une violence qui fait mal à tous les niveaux pendant lesquels Malick dénonce la bêtise humaine (maladresse technique à l'ambition aveugle en passant par la propagande). Evitant tout manichéïsme le réalisateur ne juge pas mais s'impose en voyeur discret, en témoin invisible des méandres troubles de la peur et des doutes, des interrogations de soldats qui pensent avant tout à sauver leur peau et à retourner chez eux. Sortis à 6 mois d'intervalles "La Ligne Rouge" s'avère, dans la forme, une anti-thèse de "... Le soldat Ryan". Un poème à la fois terrible et merveilleux, 2h50 d'une plongée émotionnelle dans les coeurs d'une groupe de soldats. Un film qui mérite d'être plus connu et reconnu, un film primé de l'Ours d'Or à Berlin 1999. Terrence Malick n'attendra plus 20 ans pour faire un film et offrira d'autres grands films avec "Le Nouveau Monde" (2005) et "The Tree of Life" (2011). Une petite chute accidentelle avec "A la merveille" (2012) en espérant un retour encore prometteur...

 

Note :             

 

17/20
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