Brooklyn (2016) de John Crowley
Le réalisateur irlandais John Crowley s'est essayé au polar avec "Intermission" (2003) avec Colin Farrell, il s'est fait remarqué avec mérite pour "Boy A" (2007) qui a révélé Andrew Garfield, il est passé inaperçu pour le thriller juridique "Closed Circuit" (2014) avec Eric Bana et maintenant il fait illusion avec un mélo vintage qui a eu sa place pour trois nominations majeures aux Oscars 2016 !... Le cinéaste était particulièrement bien entouré puisque à la production on trouve le duo Finola Dwyer et Amanda Posey avec au scénario Nick Hornby (époux de Amanda Posey), un trio qui a déjà connu le succès avec l'excellent "Une Education" (2009) de Lone Scherfig qui a révélé la jolie Carey Mulligan. Une équipe parfaite pour ce qu'on nomme facilement un film à Oscars. Adapté du roman éponyme (2009) de Colm Toibin, le film est typique du mélo historique où, en 1952, une jeune femme irlandaise se retrouve déchirée entre deux cultures, et deux hommes (cela va de soit !), après avoir émigré aux Etats-Unis.
Le premier bonus est le choix de l'actrice Saoirse Ronan pour le premier rôle, et pour son premier rôle de "femme" tout court (21 ans), qui se voit là offrir un rôle sur mesure. En effet l'actrice est elle-même née de parents irlandais à New-York, avant d'avoir été elévée à Dublin. Résultat, une actrice très impliquée qui a tourné pour la première fois avec son propre accent irlandais. Sans crier à la performance inouïe Saoirse Ronan est idéale, charmante et tout à fait convaincante. A ses côtés on peut citer le méconnu Emory Cohen (aperçu entre autre dans "The Place beyond the pines" en 2013 de Derek Cianfrance), le succulent Jim Broabent, ainsi que Domhnall Gleeson et Julie Walters qui se retrouvent (sans se croiser) après "Harry Potter et les Reliques de la mort 2" (2011) de David Yates... Le tout pour une belle équipe, pour un joli film malgré que ce film soit loin de l'acuité et de la dramaturgie de films comme "Golden Door" (2007) de Emmanuele Grialese ou "The Immigrant" (2013) de James Gray. La reconsitution est soignée, costumes comme décors, mais ça manque de richesse notamment en Irlande où ça se résume à une boutique et une salle à manger. On se demande où est passée l'ambiance chaleureuse des irlandais ?! Le film en fait surtout des moribonds. Mais surtout on s'interroge sur plusieurs moments où on ne comprend pas les réactions de l'héroïne... ATTENTION SPOILER !... Pourquoi ne propose-t-elle pas à sa mère de partir avec elle ?! Pourquoi n'avoue-t-elle pas son mariage ?! Quelle bêtise que d'avoir besoin d'une vipère pour se dire qu'il est temps de rentrer !... etc... FIN SPOILER !... Bref John Crowley change de registre comme de style (il n'en a pas !), et il n'est ni James Gray ni David Lean. Un joli mélo, loin d'être râté mais on s'interroge encore sur sa présence aux Oscars. Un mélo académique et sans surprise mais dont le taux lacrymal est honnête.
Note :