Les Révoltés de l'an 2000 (1976) de Narciso Ibanez Serrador

par Selenie  -  20 Juin 2016, 08:36  -  #Critiques de films

Adapté d'un roman "Le jeu des enfants" de Juan José Plans, ce film d'horreur est culte et est entré dans la postérité du genre qui résume à lui seul la filmo très limitée de son réalisateur uruguayen. Narciso Ibanez Serrador signe là son second long métrage sur trois (outre de nombreux téléfilms et feuilletons tv). Le film casse les normes d'entrée de jeu avec un générique où se succèdent des images d'archives qui montrent et démontrent que l'épouvante est bien réelle avec des images connues et moins connues qui rappellent les horreurs de la guerre et qui rappellent que souvent les premières victimes des guerres sont les enfants. Ce générique se présente alors comme un prologue qui place le spectateur d'emblée dans l'empathie pour les enfants, victimes éternelles des tragédies mondiales toujours créées par les adultes. Ce prologue impose donc l'idée qui mène tout le récit : "qui pourrait tuer un enfant ?". Ensuite la première partie nous présente le couple adulte britannique Tom et Evelyn, futurs parents, qui font une escale avant de se diriger vers l'île espagnole de leurs vacances. Le réalisateur a particulièrement travaillé l'atmosphère à la fois anxiogène, caniculaire et pesante, insistant sur les gros plans et les sons lointains.

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Le film démarre doucement et les interrogations du couple prennent un peu trop de temps... Le fait que le village soit désert aussi longtemps avec un ou deux gosses qui apparaissent comme des fantômes n'étant, semble-t-il, pas du tout bizarre. C'est symptomatique du gros bémol du film. En effet, il ne se passe pas 5 minutes sans incohérences ou invraisemblances et pas des moindres. Dès les premières violences des enfants Tom ne réagit pas plus que ça et ne dit rien à sa femme. Ecueil récurrent du genre on se demande toujours pourquoi le personnage principal cache aussi longtemps et aussi sévèrement un fait aussi tragique et déterminant ?! Ici Tom refuse de dire la vérité ou même le pourquoi du comment à son épouse sur une durée qui frise le ridicule. Malgré l'horreur qui se met en place, Tom n'hésite pas à laisser son épouse enceinte seule et sans défense ! Tom, toujours lui, trouve une victime et la dépose comme un vulgaire sac au lieu de la ramener en sécurité auprès de sa femme ?! Tom a une mitraillette mais la jette au pire moment et on se demande longtemps après pourquoi ?!... Tom, encore lui, est un personnage particulièrement mal écrit, il est à la fois fort psychologiquement (beaucoup trop, presque inhumain dans ses émotions !) et en même temps agit assez stupidement. Ainsi le scénario est parsemé d'idioties avec en malus un Tom à la fois trop maître de lui et dans le même temps agit souvent sans intelligence. "Qui pourrait tuer un enfant ?" est une idée de départ bonne mais avec laquelle Narciso Ibanez Serrador se tire une balle dans le pied. En effet, il pose une question à laquelle il répond dès le départ avec ce générique qui prouve matériellement que tous les humains le peuvent et le font depuis toujours ! Niveau horreur/épouvante le film a choqué à son époque en étant interdit au moins de 18 ans, moins de 16 ans aujourd'hui. Néanmoins, si on décrit le film comme hyper violent avec des meurtres horribles... Mouais... Malheureusement les meurtres restent assez classiques (sauf un, mais hors champs) il n'y a donc à l'image pas grand chose d'atroce (donc non insoutenable et pas d'acharnement) si ce n'est le propos et le message sous-jacent. Car ce qui fait peur est juste dans l'iéde que les enfants pourraient être aussi monstrueux que les adultes... Mais ça aussi on le sait depuis longtemps, leur innnocence étant liée (ou non) aux adultes qu'ils côtoient. Le film repose donc surtout sur l'ambiance malsaine, l'atmosphère spécifique et aux jeux d'acteurs des enfants entre folie pure et une certaine forme d'autisme. Le film est devenu une référence du genre qui annonce un sous-genre qui offrira par la suite des films tels que "Le village des Damnés" (1960) de Wolf Rilla, "Ils" (2006) de Xavier Palud et David Moreau ou "Eden Lake" (2008) de James Atkins. Mais franchement, entre l'idée première qui n'est finalement pas soutenue à fond et les invraisemblances multiples, il faut avouer que c'est un film très surestimé dans sa valeur intrinsèque et qui ne vaut que par sa valeur "historique".

 

Note :              

 

10/20
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