Infiltrator (2016) de Brad Furman
Un sous-genre en soi que le biopic policier sur l'histoire vraie d'un agent infiltré. On pense évidemment au chef d'œuvre du genre "Donnie Brasco" (1997) de Mike Newell. Cette fois il s'agit du destin assez incroyable de Robert Mazur dont le film est adapté de son livre "The Infiltrator : infiltré dans le monde des barons de la drogue et de l'argent". Si Mazur était consultant sur le film, et surtout en travaillant avec l'acteur principal, le scénario est signé de la maman même du réalisateur, Ellen Brown Furman, qui avait ce projet avec son fils depuis des années. Le fils donc, Brad Furman, signe là seulement son 4ème film après "The Take" (2007), "La Défense Lincoln" (2011) et "Players" (2013) mais en profite pour rappeler certains de ses acteurs pour ce film.
En effet, John Leguizamo était déjà dans les deux premiers tandis que Bryan Cranston jouait dans le second. Néanmoins, Cranston doit clairement le rôle principal à sa starisation due à la série "Breaking Bad" (2008-2012) et surtout à sa performance pour un autre biopic, "Dalton Trumbo" (2015) de Jay Roach. À leurs côtés notons surtout la belle Diane Kruger qui n'avait pas tourné dans une aussi grosse production depuis "Les âmes vagabondes" (2013) de Andrew Niccol et Benjamin Bratt qui retrouve un rôle tel que dans ceux qu'il a connu entres autres dans "Traffic" (2000) de Steven Soderbergh et "Infiltré" (2013) de Roc Roman Waugh. Ce style de biopic est régi évidemment par des paramètres balisés (début mission, créer des contacts, discrétions, gaffes, difficultés vie perso,... etc...) et repose donc sur une mise en scène inspirée et surtout sur une cohérence irréprochable du scénario. Et malheureusement si les acteurs sont excellents et se plongent merveilleusement dans une reconstitution réussie et sobre (évitant le bing-bling facile), le film reste à la fois trop académique et trop bancal sur plusieurs passages. D'abord on aurait aimé plus de tension et de suspense (par exemple la scène de la secrétaire-épouse est surjouée et peu crédible). Mais le pire reste quelques passages où la stupidité confine à l'invraisemblance. Nous en noterons particulièrement deux... Attention Spoiler !... qui peut croire qu'un milliardaire comme Musella se contenterait d'un smoking qui date de plusieurs années et digne d'un simple fonctionnaire ?! (l'excuse étant un prétexte pour avoir une scène entre l'épouse et la partenaire, minable). Le pire arrivant avec cet envoi sanglant au domicile de Mazur ce qui prouverait que la couverture de l'agent est éventée !?!!!... FIN Spoiler ! Cette dernière gaffe est assez ahurissante ! Et pourtant quel destin, quelle mission prenante et dense avec sur ce point une évolution du récit parfaitement menée ! Un bon point sur la sensation de schizophrénie de Mazur pendant ses missions. Un film intéressant et particulièrement documenté sur l'affaire mais complètement bancal sur des moments qui gâchent toute crédibilité. Un paradoxe qui empêche ce film d'aller plus haut qu'un polar divertissant. Dommage...
Note :