MILF (2018) de Axelle Laffont.

Premier long métrage en tant que réalisatrice pour la comédienne Axelle Laffont (fille du célèbre animateur TV Patrice et petite-fille du fondateur des éditions Robert Laffont) après s'être essayée il y a quelques années avec le court métrage "Je ne suis pas raciste, mais..." (2009). La période pleine d'actualité étant sans doute propice, l'actrice-réalisatrice a voulu montrer les femmes d'âge mûr dans leur force et leur vulnérabilité : "C'est aussi un film féministe car il parle en sous-texte de la liberté et libération de la femme, assumée et revendiquée."... Axelle Laffont a eu ce projet en tête après qu'une amie, la scénariste, lui ait demandé son avis sur un scénario où les personnages étaient des hommes. Axelle Laffont lui aurait alors proposé de transposer l'histoire pour des femmes. Cette dernière s'est octroyée un des trois rôles principaux, puis elle a choisi deux actrices n'ayant pas peur de la nudité comme elle l'explique : "J'avais envie de liberté, liberté des vacances, de l'été, des envies et des corps. Le choix de la lumière et des décors a évidemment participé à aller dans ce sens. J'avais envie de "redorer" l'image des femmes de 40 ans et plus, pas encore assez mises en valeur à notre époque selon moi."...

Outre elle-même, Axelle Laffont (47 ans) a donc choisi pour jouer ses deux amies Virginie Ledoyen (41 ans) pas vue au cinéma depuis "Enragés" (2015) de Eric Hannezo, et Marie-Josée Croze (48 ans). On reconnaîtra également dans un second rôle pas si anodin, la surprenante Florence Thomassin. Rappelons que MILF veut dire "Mother I'd Like to Fuck", soit littéralement "Mère que j'aimerais baiser" !... Un terme connu depuis longtemps mais qui a connu un regain de popularité depuis le succès de la comédie "American Pie" (1999) de Chris Weitz... Le premier soucis reste cette nuance entre Milf et Cougar qui, si elle semble importante pour la cinéaste, semble au contraire bien floue au vu du scénario. La nuance étant expliquée par la cinéaste elle-même : "... Les Cougars sont en chasse alors que les Milf ça leur tombe dessus sans qu'elles ne l'aient même vu venir. Elles sont malgré elles le fantasme de ces jeunes garçons, qui les voient souvent comme des femmes fortes, avec de l'expérience, parfois plus douces que les filles de leurs générations et surtout à priori pas obsédées à l'idée de procréer puisqu'elles sont à priori déjà maman"... On rappellera tout de même qu'une des trois femmes n'est pas maman, qu'elles sont toutes les trois célibataires et qu'ensuite, au vu de la rencontre entres ces femmes et ces jeunes, il est particulièrement difficile de croire que ces femmes n'ont pas vu venir ces jeunes particulièrement peu subtils dans la drague et donc en moins de 10mn de films les idées et/ou les objectifs de Axelle Laffont sont balayés.

Résultat : une portée "féministe" complètement faussée, on peut même dire qu'elle est hors sujet. Le propos de fond, étant donc de la simple poudre aux yeux, reste une simple comédie estivale où, pour une fois, les meneuses sont trois belles quadragénaires. Axelle Laffont reste épatante, elle s'assume de façon assez remarquable ce qui a, par contre, pour effet d'effacer un peu ses deux partenaires qui ne semblent pas particulièrement à l'aise dans cette histoire. L'actrice-réalisatrice voulait une comédie sociale entre humour et émotion avec de la sensualité et "des baisers qui soient de vrais baisers". Sur ce point on peut dire que c'est plutôt réussi, de la sensualité il y en a assurément même si c'est parfois maladroit où trop cliché... D'ailleurs comment croire qu'un belâtre dragueur bourrin arrive à ses fins aussi facilement avec une femme censée être forte et expérimentée ?! On sourit surtout quand on lit la liste des références citées par Axelle Laffont : "Le Lauréat" (1967) de Mike Nichols, "Un été 42" (1971) de Robert Mulligan mais aussi "Spring Breakers" (2013) de Harmony Korine et "Mes Meilleures Amies" (2011) de Paul Feig. Autant dire que ce film n'a aucune des finesses des deux premiers (et précisons que dans le Nichols il s'agit plus d'une cougar en chasse qu'une milf prise au piège) ni l'audace des deux seconds. Axelle Laffont signe une comédie estivale simple mais efficace, sans prétention aucune ou, du moins, elle a oublié ses ambitions en cours de tournage. Au final il vaut mieux voir ce film pour une petite comédie amusante et charnelle qui donne surtout envie de partir en vacances si possible avec des femmes riches (oui, ce sont de surcroît trois bourgeoises parisiennes). On notera quelques fautes de goût qui sonnent gratuit (l'urine sur un toit de voiture ?!) et aussi quelques instants de grâce (le champion de BMX Matthias Dandois au générique). Note indulgente spéciale été !

Note :