La Lune de Jupiter (2017) de Kornel Mundruczo.

par Selenie  -  28 Juin 2018, 17:21  -  #Critiques de films

Chef de file du cinéma hongrois, le réalisateur Kornel Mundruczo revient une nouvelle fois avec un film ambitieux et original mêlant social et fantastique. Le cinéaste avait déjà marqué les esprits "Delta" (2009) et "White God" (2014), et retrouve pour l'occasion Kata Weber, actrice sur ses premiers longs et qui est devenue sa scénariste sur "White God". On se situe en Hongrie qui semble faire face à une grosse vague d'émigration, et un médecin plus ou moins ripoux prend en charge un migrant qui a la capacité de voler après avoir été abattu par un policier aux méthodes expéditives... La référence au titre est loin d'être probante, voire même peu compréhensive. Mundruczo signe un film qui mêle donc drame social qui fait forcément écho à l'actualité récente, et de fantastique. Au casting peu d'acteurs connus, on notera toutefois la présence du frenchy Farid Larbi vu dans "Divines" (2016) de Houda Benyamina tandis que le médecin est incarné par l'acteur géorgien Merab Ninidze qu'on a pu apercevoir dans "Le Quatrième Pouvoir" (2012) de Dennis Gansel et "Le Pont des Espions" (2015) de Steven Spielberg. La musique est signée de Jed Kurzel, frère du réalisateur Justin et pour qui il a signé les BO des films "Macbeth" (2015) et "Assassin's Creed" (2015).

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Après la réussite et le succès mérité de "White God", le cinéaste hongrois est attendu avec ce film plein de promesses. L'ouverture du film est particulièrement efficace, violente comme un uppercut, la séquence ouvre un récit plein d'espérance. Imaginer ensuite un migrant qui entre en lévitation intriguant ainsi un médecin déchu qui va s'en servir avant de "comprendre". Niveau réalisation Mundruczo frappe fort et démontre qu'il est un grand réalisateur, de sa scène d'ouverture au style réaliste en passant par des effets spéciaux subtils et réussis. Le scénario suit une trame proche du thriller mais le vrai soucis vient du propos, ou du moins du fond de l'histoire. En effet, les migrants finissent par être un simple contexte opportuniste à l'histoire puisque le cinéaste traite surtout de religion et de croyance, surtout de la perte de la foi. Et tout d'un coup un pauvre bougre qui plane renvoie à un ange, les gens qui ne croient plus en rien peuvent de nouveau croire et le pompon intervient quand l'ange/migrant déclare que son père est charpentier !...

Sans être catastrophique, il n'en demeure pas moins que le récit manque de finesse avec une symbolique maladroite et des caricatures un peu faciles. Le réalisateur oscille entre les genres plus qu'il ne les mélange pas, on pense parfois à du Frank Capra ("La Vie est Belle" en 1946) et parfois à "Les Fils de l'Homme" (2006) de Alfonso Cuaron pour la fuite et l'immigration. On reste surtout perplexe devant la simplicité de la réflexion, soit lévitation = dieu. Obnubilé par cette idée le réalisateur omet de traiter de l'immigration et se focalise essentiellement sur une course poursuite finalement sans surprise. Par contre on apprécie la relation entre le médecin et son "ange", le méchant flic impose un charisme passe partout solide et l'intrigue reste assez prenante, avec un soupçon de fascination qui doit beaucoup à la mise en scène de Mundruczo. Un film pas parfait mais intéressant sur bien des points.

 

Note :              

 

12/20

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