Oro la Cité Perdue (2018) de Agustin Diaz Yanes
Cinquième long métrage pour le réalisateur espagnol Agustin Diaz Yanes auquel on doit "Sans Nouvelle de dieu" (2001) et surtout "Capitaine Alatriste" (2005), ce dernier étant déjà un film d'aventure historique mais cette fois il quitte le 17ème siècle et le Vieux Continent pour suivre des conquistadors au milieu du 16ème siècle qui partent à la recherche de l'eldorado. Pour ce nouveau projet, le cinéaste signe le scénario d'après un texte inédit de Arturo Perez-Reverte, le romancier qu'il avait déjà adapté avec "Capitaine Alatriste"... Evidemment on pense à deux chefs d'oeuvre sur une thématique similaire, "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog et "Mission" (1985) de Roland Joffé mais on y reconnait également la patte du réalisateur dans une cohérence stylistique avec "Capitaine Alatriste". Au casting de nombreux acteurs connus, pour la plupart surtout en Espagne. On notera toutefois l'excellent Raul Arevalo, réalisateur débutant avec "La Colère d'un Homme Patient" (2015) mais surtout acteur déjà vu dans les très bons "Balada Tiste" (2011) de Alex de la Iglesia et "La Isla Minima" (2015) de Alberto Rodriguez.
D'ailleurs on constate que plusieurs des acteurs ont tourné pour Alberto Rodriguez dont Raul Arevalo et José Coronado dans "L'Homme aux Mille Visages" (2017) de Alberto Rodriguez puis Juan Jose Ballesta "Les 7 Vierges" (2005) de Alberto Rodriguez. Raul Arevalo retrouve également la jeune espoir du cinéma hispanique Anna Castillo après la comédie fantastique "Ghost Graduation" (2017) de Javier Ruiz Caldera. Et enfin l'atout charme est dévolue à Barbara Lennie remarquée grâce à son rôle dans "La Nina de Fuego" (2015) de Carlos Vermut. On suit donc une expédition de conquistadors partis pour trouver la cité d'Or mythique. Harcelés autant par la jungle envahissante que par les indigènes invisibles ils doivent également redoutés des poursuivants, conquistadors également... Le tout ajouté de luttes intestines et la présence d'une femme font que la quête se transforme très vite à un jeu de massacre qui peut toucher chacun des protagonistes. Dans un premier temps on salue la qualité des costumes (à l'exception notable de 2-3 casques blancs particulièrement brillants pour des soldats vivants dans la jungle depuis quelques semaines), un casting de gueules qui ont la bonne tête de l'emploi et une jungle aussi fascinante que dense. Par contre le scénario manque un peu de subtilité, on comprend vite que le jeu de massacre est l'unique fil rouge à quelques exécutions sommaires qui vont un peu dans tous les sens.
Le vrai soucis du film c'est que si visuellement il semble qu'on soit bel et bien dans un film d'aventure historique le cinéaste se laisse surtout aller à un simple film d'action reposant sur l'ultime appât du gain et la soif de l'or. La Jungle n'est malheureusement pas le "troisième personnage" et ses dangers se résument en gros à deux reptiles. Où sont la fièvre, la folie ou la faune et la flore ?! Sur ce point on est à des années lumières de "Aguirre...". Par là même, la question de l'évangélisation est peu traité et si maladroitement, tandis que les indigènes sont décrit très et trop caricaturalement. Idem, on est à des années lumières de "Mission" sur ce point... Agustin Diaz Yanes pêche une fois de plus par facilités (même soucis pour "Capitaine Alatriste"), malgré un matériau d'origine riche et solide, un contexte historique foisonnant, il offre un simple jeu de massacre ou violences et action dominent sans souffle épique ou romanesque, sans développer à minima l'environnement social, historique et/ou ethnologique. Résultat, un film pauvre sans ambition ni audace suffisante mais ça reste un film d'action divertissant et primaire.
Note :