Doubles Vies (2019) de Olivier Assayas

par Selenie  -  17 Janvier 2019, 12:08  -  #Critiques de films

Le réalisateur Olivier Assayas a commencé d'écrire sur ce projet il y a une dizaine d'années sans savoir vers quoi il allait, au départ l'idée était "l'histoire d'un éditeur confronté à la transformation du monde et sa capacité ou pas à s'y adapter."... Etoffé depuis, l'histoire est devenu un chassé-croisé entre deux couples, quatre personnes bobos parisiens. Un couple formé d'un écrivain aux succès aléatoires plutôt anar et son épouse qui est assistante d'un homme politique. Le second couple est composé d'un éditeur bien installé qui prépare l'arrivée du livre électronique et d'une épouse comédienne qui tourne dans une série qu'elle n'aime plus... Pour le casting Assayas a fait appel à la toujours sublime Juliette Binoche (la comédienne) qu'il retrouve après le film collectif "Paris je t'aime" (2006), "L'Heure d'Eté" (2007) et "Sils Maria" (2014).

A ses côtés les autres acteurs tournent pour la première fois pour Assayas. L'époux éditeur est incarné par Guillaume Canet, le second couple est joué par Vincent Macaigne et Nora Hamzawi dans son premier rôle important après un one man show, quelques petits rôles et une chronique radio. Les autres rôles importants sont tenus par Christa Théret, Pascal Greggory et Laurent Poitrenaux... Le film aborde divers thèmes comme la politique, le rapport au sein de l'édition, l'adultère et l'amour libre mais surtout une réflexion poussée sur l'évolution de l'édition avec le numérique. Une densité que Assayas condense avec des dialogues nombreux et omniprésents pour un film particulièrement bavard. Assayas avoue une référence forte à Woddy Allen : "C'est l'idée que ce que génère le dialogue est le seul moteur du film. Il n'y a pas de vraie dramaturgie, mais plutôt une sorte de tissage sentimental entre les personnages. En fait, il n'y a même pas d'évènement, tout est porté par l'énergie des dialogues. En écrivant, je redoutais beaucoup que ce soit très acrobatique, très risqué, du point de vue de la mise en scène, parce que formellement je n'ai rien à quoi vraiment me raccrocher. Je ne pouvais compter que sur la spontanéité des acteurs, leur justesse, chacun à sa place respective, leur intelligence des personnages qu'ils incarnent."... Malheureusement le réalisateur-scénariste s'est pris les pieds dans la tapis, à savoir qu'il s'est tellement focalisé sur ses dialogues qu'il en a oublié le rythme, les sentiments, et s'est sans doute perdu avec trop de sujets de fond.

Sur ce dernier point la partie "politique" est clairement superflue. Le scénario aurait dû rester sur l'adultère et la transition numérique en édition. Ces parties sont clairement les plus intéressantes et même passionnantes. Mais les dialogues restent le gros point faible du film. Trop littéraires, au langage soutenu et/ou élitiste qui manquent tout bonnement du naturel nécessaire pour croire à ces rencontres amicales et professionnelles. Beaucoup trop écrit pour qu'on y adhère, le cinéaste signe une comédie dramatique parfois pompeuse et bancale mais qui n'est assurément pas dénué d'intérêt.

 

Note :              

 

12/20

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