The Kindness of Strangers (2020) de Lone Scherfig

par Selenie  -  24 Juillet 2020, 12:01  -  #Critiques de films

Le titre en V.F. signifie "La gentillesse des Etrangers", titre évocateur qui repose sur un certain optmisme envers l'humanité. Il s'agit d'une production internationale qu'on résumera en américano-européenne. Cette histoire originale est réalisée et signée de la réalisatrice danoise Lone Scherfig qui a déjà offert quelques bons films de "Italian for Beginners" (2000) à "Une Belle Rencontre" (2016) en passant par "Wilbur" (2002), "Une Education" (2009) et "The Riot Club" (2014). Si ce film a été présenté au Festival de Berlin 2019, il n'a connu à ce jour qu'une sortie officielle aux Etats-Unis après quoi le film est un des nombreux films plombés par la pandémie Covid-19...

À New-York, on suit plusieurs protagonistes qui se croisent et s'entrecroisent alors qu'ils sont tous dans un tournant difficile de leur vie... Au casting on retrouve des américains avec Zoé Kazan qu'on n'avait pas vue depuis "La Ballade de Buster Scruggs" (2018) des frères Coen, Jay Baruchel pas vu depuis "Goon : Last of the Enforcers" (2017) sans compter sa voix pour le film d'animation "Dragons 3" (2019) et Caleb Landry Jones vu dernièrement dans "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush. Des britanniques avec Bill Nighy qui était déjà dans "Une Belle Rencontre" et vu dernièrement dans "Emma" (2020) de Autumn de Wilde, puis Andrea Riseborough vue récemment dans "La Mort de Staline" (2018) de Armandi Iannucci et "The Grudge" (2020) de Nicolas Pesce. Et enfin un frenchy, Tahar Rahim qui avait déjà tourné à l'étranger avec "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis et vu auparavant dans "Joueurs" (2018) de Marie Monge... La cinéaste danoise signe donc un film choral, un sous-genre en soi, avec un genre entre mélodrame social et comédie de moeurs, façon chronique douce-amère où on décèle un véritable espoir en l'humanité malgré ses tragédies et les aléas de la vie. À travers le destin de plusieurs personnages Lone Scherfig aborde différents sujets très actuels : la réinsertion à la sortie de prison (à peine survolée), la difficulté d'une mère et épouse à fuir son conjoint violent (facilement très appuyé par la profession de ce dernier), le sacrifice des infirmières et des bénévoles sociaux, la solitude et le manque d'affection (toujours très appuyé quand on cumule plusieurs de ces paramètres !), l'importance des apparences... etc...

Le scénario est classique, pour ne pas dire banal, où tous les personnages sont sympathiques et/ou attachants à l'exception notable d'un flic parfait bouc émissaire de notre époque. Il est évident que la réalisatrice-scénariste a voulu et désiré ce récit comme une sorte de fable moderne pour mettre en avant l'entraide et l'humanité désintéressées qui doit encore exister par-ci par-là. La réalisation tout en sobriété n'empêche pourtant pas un certain ennui tant le rythme est monotone, les rebondissements trop convenus et, surtout, il y a un manque d'émotion et de passion dans toutes ces misères socialo-affectives. Par exemple, la maman préfère dormir avec ses enfants à la rue plutôt que d'aller voir des associations spécialisées (?!), juste pour accentuer le drame dans le film ?! La recherche du pathos est un peu trop caricaturale comme pour cette infirmière dont la chef vient lui rappeler qu'elles sont toutes dans la même galère ! Le scénario insiste donc trop sur certains personnages (mère, infirmière) et pas assez sur d'autres (ex-détenu en réinsertion, maître d'hôtel "russe"...) ce qui prouve une certaine facilité aux raccourcis pour faire pleurer dans les chaumières plutôt que d'étoffer un réel patchwork de population et de situations. Par là même, les tentatives de fantaisies et légèretés sont trop sous-exploités, on pense notamment et surtout au potentiel des personnages joués par Caleb Landry Jones et surtout Bill Nighy. En conclusion, un mélo un peu fade malgré une belle volonté et la sincérité de l'entreprise. Plein de bons sentiments et merveilleusement interprété il reste un film trop sage à tout point de vue. Dommage.

 

Note :                

 

11/20

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :