Jojo Rabbit (2020) de Taika Waititi
Nouveau film de Taika Waititi, après Thor Ragnarok sorti en 2017, Jojo Rabbit est une comédie noire sur le thème de l’endoctrinement des jeunes enfants, futurs nazis, histoire qui est basée sur le livre Le Ciel en cage (2007) de Christine Leunens.
En pleine seconde guerre mondiale, Johannes, dit Jojo et surnommé Jojo le lapin, 10 ans, fière d’être allemand arien veut intégrer la garde personnelle de Hitler, il a d’ailleurs pour ami imaginaire Adolf Hitler qui l’accompagne dans toutes ses aventures et ses décisions. Un accident dans un camp de formation de la jeunesse hitlérienne, va l’obliger à revoir ses plans d’avenir mais aussi à découvrir le secret de sa mère, celle-ci cachant une jeune juive dans la maison. Il va alors chercher à comprendre cette race juive tellement dangereuse au travers de discussions avec la jeune Elsa.
Tout l’intérêt du film, est basé sur la vision de ce jeune garçon, une vie en pleine guerre vécue comme une grande aventure avec beaucoup d’humour, de légèreté mais aussi d’innocence car après tout Jojo n’a que 10 ans. Le début du film dans le camp de la jeunesse hitlérienne est une douce parodie burlesque fait avec justesse mais il faut quand même être pourvu d’un second degré, ça peut ne pas plaire (attention à ne pas voir la bande annonce, elle révèle beaucoup). A signaler que certaines gaucheries, certaines scènes sont très poussées, certains moments semblent d’écarter du sujet font du film une exagération constante et la réalité qui devrait équilibrer cet aspect s’efface à ce profit de galéjade.
Si l’humour est porté de bout en bout du film, difficile de ne pas rire face à cet Hitler grotesque, satirique et jaloux, ce n’est pas le cas pour l’émotion. Difficile de pleurer dans un film où la brusquerie de certaines scènes, un ton de film qui se veut mais avec loupé de plus en plus dur, ne laisse pas vraiment place à l’émoi et pourtant matière est-là mais pas assez développée ou passée trop rapidement ; on est quand même très loin du sublime La vie est Belle (1998) de Roberto Begnini.
La performance des acteurs est remarquable et en premier lieu par le jeune Roman Griffin Davis qui incarne un Jojo avec une panoplie d’émotions, ouvre le film sur de nombreux regards, celui convaincu par la guerre et la pureté de sa race, à celui qui a des doutes pour enfin danser avec son ennemi. La jeune Thomasin McKenzie prête ses traits à cette jeune juive cachée dans le mur d’une chambre, sans en faire trop, on voit en elle autant la résolution de vivre que les doutes qui l’assaillent chaque jour. Dans les seconds rôles, il faut souligner celui de Scarlett Johansson (« Mariage Story ») et Sam Rockwell (« Vice ») qui apporte pour elle beaucoup de légèreté dans un monde qu’elle exècre et qu’elle combat discrètement et pour lui qui montre subliminalement le regard de la dualité dans une incarnation grotesque du soldat allemand. Enfin, il ne faut pas oublier Taika Waititi qui s’impose avec brio dans le personnage imaginaire aux traits forcés du grotesque et absurde d’Adolf Hitler.
Un bon film mais à regarder avec beaucoup de recul, ceci n’est en rien un film historique, préparer votre humour et votre regard d’enfant et vous pourrez l’apprécier. Une note plutôt d’entre deux, j’aurais mis plus, mon conjoint fut beaucoup plus déçu que l’humour parodique ne soit pas la base du film.
Note :